Deux journalistes du quotidien américain Washington Post ont été brièvement interpellés mardi à Jérusalem sous le soupçon d'incitation à la violence, avant d'être relâchés, ont indiqué l'Association de la presse étrangère et la police israélienne.

Il s'agit de William Booth, chef de bureau du quotidien à Jérusalem, et de Sofiane Taha, correspondant du journal en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.

Ils ont été appréhendés à la porte de Damas, l'une des entrées les plus fréquentées de la Vieille ville et coeur de Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël. Plusieurs attaques contre des Israéliens y ont eu lieu ces derniers mois.

«Un passant s'est plaint de voir un certain nombre de personnes qui s'apprêtaient à mener des (actes de) provocation et à perturber l'ordre public parmi de jeunes Arabes, agissements visant les policiers déployés sur la zone», a dit la porte-parole de la police israélienne Luba Samri.

«Compte tenu de ce signalement, les policiers ont interpellé plusieurs suspects pour faire la lumière sur ces faits» et les ont emmenés «dans un poste de police proche» pour travailler «avec la discrétion et le doigté nécessaires», a-t-elle poursuivi.

L'ONG Association des droits civils en Israël a indiqué qu'une de ses membres avait également été interrogée, mais ne se trouvait pas avec les journalistes.

L'Association de la presse étrangère, qui regroupe les journalistes des médias étrangers en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, a condamné l'interpellation de deux confrères «dans les termes les plus forts». Les deux journalistes ont été retenus pendant environ 40 minutes, a-t-elle dit.

Elle a qualifié «d'absurdes» les accusations d'incitation à la violence contre les collaborateurs d'un «organe de presse international respecté».

Le bureau de presse du gouvernement a exprimé ses «regrets» devant un incident au cours duquel le correspondant du Post a été interpellé «sans nécessité» et qui «résulte probablement d'un malentendu malheureux».

«Israël fait tout son possible pour que la presse étrangère puisse travailler librement sans la moindre pression», a-t-il dit dans un communiqué.

Le bureau de presse a appelé «les forces de sécurité et les journalistes à faire preuve de retenue et à éviter les confrontations dans cette période de tensions», référence aux violences auxquelles sont en proie les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël depuis plus de quatre mois.

Ces interpellations ont eu lieu alors que la presse étrangère a été en butte ces dernières semaines aux accusations de parti pris anti-israélien de la part d'une partie de la droite israélienne.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué que la police devrait fournir des clarifications sur l'incident.