Trois députés arabes israéliens ont été suspendus lundi des discussions à la Knesset (Parlement) après le tollé provoqué par leur rencontre avec les familles d'attaquants palestiniens ayant tué des civils israéliens, a indiqué un porte-parole.

Le comité d'éthique du Parlement a décidé d'écarter Haneen Zoabi et Basel Ghattas pour quatre mois ainsi que Jamal Zahalka pour deux mois des débats de la session plénière et des différents comités parlementaires, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Knesset.

Les trois députés, membres de la Liste arabe unie, la troisième formation de la Knesset, pourront cependant participer au vote en étant physiquement présent dans l'enceinte de la Knesset, a-t-il précisé.

La liste, qui compte 13 députés (sur 120) a condamné la décision, la qualifiant dans un communiqué de «misérable, anti-democratique et non éthique».

«Cette punition vindicative ne nous fait pas peur et nous continuerons à nous battre contre la politique de racisme et de fascisme, et pour une vraie égalité et une réelle démocratie, que Nétanyahou fait tout son possible pour éliminer», a ajouté le texte.

Cette décision intervient alors que la visite récente de ces parlementaires arabes israéliens à des familles d'auteurs d'attaques anti-israéliennes a ulcéré une grande partie de la classe politique et du public israéliens.

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou les a pris à parti lundi dans l'enceinte de la Knesset, s'attirant en retour leurs insultes.

«Nous n'accepterons pas une situation dans laquelle des membres de la Knesset soutiennent les familles de meurtriers de citoyens israéliens et se tiennent au garde à vous à la mémoire de ceux qui assassinent nos enfants», a-t-il déclaré.

«J'essaie d'imaginer ce qui se passerait au Parlement britannique si les députés se tenaient au garde à vous pour honorer la mémoire de Djihadi John, ou les membres du Congrès américain la mémoire des meurtriers de Californie», a-t-il ajouté.

«Menteur, fasciste, incitateur», a rétorqué le député arabe Jamal Zahalka.

Le chef de l'opposition Isaac Herzog, s'exprimant après M. Nétanyahou, a lui aussi critiqué les députés arabes, estimant qu'ils avaient «dépassé la limite» dans leur soutien aux attaquants palestiniens.

Benyamin Nétanyahou avait préconisé dimanche une loi permettant de suspendre des députés au «comportement inapproprié».

Les trois députés ont rencontré la semaine dernière des représentants des proches des assaillants et un groupe de soutien aux familles pour récupérer les corps des attaquants tués par les forces israéliennes.

Cette rencontre avait provoqué un tollé en Israël. Les députés arabes avaient de leur côté affirmé qu'il ne s'agissait que d'aider les familles dans leurs efforts pour récupérer les dépouilles de leurs proches.

Depuis quatre mois, une série d'attaques anti-israéliennes par des Palestiniens, souvent ensuite abattus par les forces de l'ordre, et des affrontements entre Palestiniens et soldats israéliens ont coûté la vie à 165 Palestiniens, 26 Israéliens, un Américain, un Erythréen et un Soudanais, selon un décompte de l'AFP.

Face à une recrudescence des attaques à l'arme blanche principalement, Israël a annoncé qu'il ne restituerait plus les corps des agresseurs. Dans les faits, il en a rendu plusieurs dizaines mais en conserve encore dix.