Les pays de la Ligue arabe ont exprimé dimanche leur « solidarité totale » avec l'Arabie saoudite face aux « actes hostiles » de l'Iran, au moment où une grave crise diplomatique oppose les deux puissances régionales.

Toutefois, Riyad a affirmé « soutenir pleinement » les négociations sur le conflit en Syrie qui doivent s'ouvrir fin janvier, quelques heures après des déclarations du chef de la diplomatie iranienne accusant Riyad de vouloir « affecter négativement » ces pourparlers.

Car Riyad et Téhéran, deux puissances impliquées dans la guerre en Syrie mais aussi dans d'autres conflits de la région, sont à couteaux tirés depuis l'exécution le 2 janvier en Arabie saoudite du dignitaire chiite Nimr al-Nimr, figure de l'opposition politique condamné pour « terrorisme ».

Sa mise à mort a entraîné des manifestations et des attaques contre les représentations diplomatiques saoudiennes en Iran, à la suite desquelles Riyad a rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran.

Réunis dimanche au Caire sur demande de l'Arabie saoudite, les chefs de la diplomatie des pays de la Ligue arabe ont exprimé leur « solidarité totale » face aux « actes hostiles et provocations de l'Iran ».

Ils ont notamment condamné dans un communiqué « les déclarations iraniennes hostiles » à l'Arabie saoudite, qui venaient en réaction à « l'exécution de décisions de justice qui concernent un certain nombre de terroristes ». M. Nimr avait été condamné à mort et exécuté avec 46 autres personnes, la plupart d'entre elles des djihadistes d'Al-Qaïda.

La Ligue arabe a par ailleurs qualifié les déclarations de l'Iran chiite au sujet de ces exécutions « d'ingérence flagrante » dans les « affaires internes du Royaume » saoudien, la puissance régionale sunnite.

Samedi déjà, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) avait apporté son « soutien total » à l'Arabie saoudite, menaçant de « prendre d'autres mesures contre l'Iran si ce pays poursuit ses agressions ».

« Influer négativement » sur la Syrie

Et alors que les chefs de la diplomatie arabes étaient réunis au Caire, le ministre des Affaires étrangères iranien accusait Riyad d'utiliser la crise diplomatique pour « créer des tensions » et « influer négativement sur la crise syrienne ».

L'ONU espère en effet voir s'ouvrir dès le 25 janvier à Genève des négociations entre le régime du président Bachar al-Assad, soutenu par Téhéran, et les rebelles qui combattent son gouvernement, appuyés eux par l'Arabie saoudite.

« Nous ne permettrons pas aux actions saoudiennes d'avoir un impact négatif sur la résolution de la crise syrienne », a souligné M. Zarif dans un communiqué.

Son homologue saoudien au Caire a alors rétorqué que son pays « soutenait pleinement » les pourparlers pour la paix en Syrie.

« C'est toujours d'actualité, nous y croyons et nous soutenons pleinement [le processus], malgré nos différends avec l'Iran » a affirmé le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir.

De son côté, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, en visite à Téhéran, a également assuré que la crise diplomatique entre les deux régimes rivaux de la région n'allait pas affecter les négociations.

Depuis plusieurs jours, les responsables saoudiens et iraniens multiplient les passes d'armes diplomatiques.

Le 3 janvier, l'Arabie saoudite a ainsi rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran. Le royaume a été imité notamment par Bahreïn, tandis que les Émirats arabes unis ont décidé de réduire leurs relations diplomatiques avec Téhéran.

Le Koweït a rappelé son ambassadeur en Iran tandis que le Qatar et Oman ont condamné les attaques contre les représentations saoudiennes en Iran.

De son côté l'Iran a accusé l'aviation saoudienne d'avoir bombardé son ambassade au Yémen. La coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite et engagée au Yémen contre des rebelles chiites a nié ces accusations.

Au Caire, M. Jubeir a notamment accusé l'Iran de « s'ingérer dans les affaires des pays arabes, d'encourager les tensions confessionnelles, et de déstabiliser leur sécurité et leur stabilité ».

Un point de vue partagé par son homologue égyptien Sameh Choukri. « Les responsables iraniens accepteraient-ils par exemple les ingérences d'autres pays, quand l'Iran applique ses lois dans ses rapports avec ses citoyens sunnites », s'est-il interrogé.