Le groupe djihadiste État islamique (EI) cherche à étendre son influence dans l'est de la Libye, mais les forces gouvernementales tentent de l'en empêcher en menant des raids aériens contre ses positions, ont indiqué mardi des responsables militaires.

À Paris, le premier ministre français Manuel Valls a estimé que la situation en Libye était «incontestablement le grand dossier des mois qui viennent», soulignant combien «le terrorisme (...) mute en permanence».

Profitant du chaos en Libye avec des combats meurtriers entre milices rivales et deux gouvernements se disputant le pouvoir, l'EI s'est implanté dans le pays où il contrôle la ville de Syrte (450 km à l'est de Tripoli) et livre combat à Benghazi et dans d'autres régions aux forces gouvernementales et groupes islamistes.

Désormais, le groupe djihadiste essaye d'élargir sa zone d'influence jusqu'à la ville d'Ajdabiya, située entre les villes de Syrte et Benghazi (1000 km à l'est de Tripoli), selon des responsables au sein des forces armées du gouvernement reconnu par la communauté internationale.

Mais celles-ci ont lancé une opération pour stopper son avancée. «L'armée a mené une frappe aérienne contre une maison où étaient réunis des djihadistes dans la zone industrielle au sud d'Ajdabiya», a déclaré à l'AFP un officier de haut rang.

La frappe s'inscrit dans le cadre d'une «opération visant à éviter le danger de voir les extrémistes prendre le contrôle (d'Ajdabiya), située dans la région du croissant pétrolier», a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat.

Contrôlée par des milices armées loyales au gouvernement reconnu, Ajdabiya est située à quelque 250 km à l'est de Syrte et à 190 km au sud-ouest de Benghazi.

Déjà la semaine dernière, l'armée de l'air avait lancé des raids contre des «positions et des cibles» de l'EI près d'Ajdabiya, selon un autre responsable militaire. «Ces frappes ont empêché les terroristes d'annexer la ville à la zone sous contrôle de l'EI».

Selon des sources sécuritaires à Ajdabiya, 37 personnes ont été assassinées, notamment des militaires, ces dernières semaines dans la ville.

Le mois dernier, le ministre libyen des Affaires étrangères Mohamed Dayri a estimé qu'Ajdabiya risquait de devenir «un nouveau fief» de l'EI, affirmant qu'une «série d'assassinats d'imams salafistes et d'officiers de l'armée» par l'EI semblaient préparer le terrain à une telle possibilité.

L'EI, qui a revendiqué plusieurs attentats meurtriers en Libye et procédé à des exécutions d'otages, tente aussi de reprendre la ville de Derna, dans l'extrême est après en avoir été chassé par des groupes armés rivaux.

À New York, des experts de l'ONU ont estimé que l'EI avait établi une tête de pont en Libye, mais que son expansion était freinée par des difficultés de financement et l'hostilité de la population.

L'EI, qui contrôle de vastes pans de territoire en Syrie et en Irak, est «une menace évidente à court et long terme en Libye», reconnaissent dans un rapport des experts du comité des sanctions contre Al-Qaïda. Mais le groupe «fait face à une forte résistance de la population ainsi qu'à des difficultés à bâtir et entretenir des alliances locales».

Le rapport évalue le nombre de combattants locaux de l'EI entre 2000 et 3000 seulement dont 1500 à Syrte.

Lors d'une réunion à Alger, les pays voisins de la Libye ont appelé mardi à l'«intensification et la coordination» des efforts pour lutter contre l'expansion du «terrorisme» dans ce pays.