Les Émirats arabes unis ont livré des armes aux groupes armés lybiens combattant les islamistes et offert un poste à 50 000 dollars mensuels à l'ex-émissaire de l'ONU pour la Libye, selon des courriels cités jeudi par le New York Times.

Ces révélations aggravent encore les soupçons de conflit d'intérêt entourant l'ex-émissaire Bernardino Leon après sa nomination aux Émirats, considérés comme un acteur du conflit libyen dans lequel l'Espagnol venait de négocier un accord préliminaire de paix.

M. Leon a été nommé directeur général de l'Emirates Diplomatic Academy, basée à Abou Dhabi, et le parlement libyen non reconnu avait mis en cause la semaine dernière sa crédibilité après cette nomination.

Cet établissement forme les futurs diplomates du pays et fait la promotion de la politique étrangère des Émirats.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans le chaos avec deux autorités politiques, Parlement et gouvernement, se disputant le pouvoir depuis 2014, l'une basée à Tripoli contrôlée par des milices y compris islamistes, et l'autre basée à Tobrouk (est) - la seule reconnue par la communauté internationale.

Dans un communiqué, M. Leon a expliqué que le Qatar, les Émirats arabes unis, la Turquie et l'Égypte « avaient constamment soutenu les efforts de paix » en Libye et mis l'accent sur le fait d'être « extrêmement prudent » face aux allégations le concernant.

« J'ai décidé de réclamer une clarification totale sur cette affaire, y compris de la part des autorités émiraties », a déclaré le diplomate espagnol.

Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le président du Congrès général national (CGN) libyen, Nouri Abousahmein, avait demandé des « éclaircissements » sur cette nomination « qui jette le doute sur la crédibilité de M. Leon en tant que chef de la mission des Nations unies pour la Libye (UNSMIL), mais également sur celle de la mission en général ».

M. Leon, qui doit entrer en fonction à Abou Dhabi en décembre, avait été nommé chef de la mission en 2014. Le diplomate allemand Martin Kobler lui a succédé mercredi.

Violation d'embargo sur les armes

Selon le New York Times, les Émirats ont envoyé des armes en Libye - en violation de l'embargo onusien - pour contrer leur rival, le Qatar, accusé d'armer des milices islamistes.

Les courriels se réfèrent à une société basée aux Émirats, Morrison Commodities, qui a violé l'embargo en coopération avec une société saoudienne, Saudi International Military Services.