Plusieurs dizaines de représentants de la société civile ont exprimé leur «honte» vendredi lors d'une manifestation à Kaboul après la lapidation à mort d'une femme pour «adultère» dans le centre de l'Afghanistan, un châtiment qui a soulevé l'indignation dans le pays.

«En tant que citoyens afghans, nous avons honte de l'injustice, de la corruption et de l'ignorance qui règnent dans notre société», a déclaré Humaira Saqib, une militante des droits des femmes, lors de ce rassemblement organisé trois jours après la diffusion d'une vidéo présentée par les autorités comme celle de la lapidation de la jeune Rokhsahana.

Le chef de l'État afghan Ashraf Ghani, qui a fait de défense des droits des femmes une des priorités de son mandat, a ordonné l'ouverture d'une enquête sur ce châtiment qu'il a qualifié de «non-islamique et criminel».

L'incident n'est pas sans rappeler le lynchage en mars d'un autre jeune femme, Farkhunda, tuée par la foule qui l'accusait, à tort, d'avoir brûlé un exemplaire du Coran.

Or, «si le gouvernement avait réellement puni les meurtriers de Farkhunda, cet incident ne serait jamais arrivé», a expliqué à l'AFP Asar Hakimi, un militant des droits de l'Homme.

Les quatre hommes reconnus coupables du meurtre de Farkhunda ont vu leur peine de mort, prononcée en première instance, annulée lors d'une audience cet été. Ils ont été condamnés à des peines allant de 10 à 20 ans de prison.

La lapidation de Rokhsahana est survenue dans la province de Ghor, au centre de l'Afghanistan, pays qui reste très patriarcal, 14 ans après la fin du régime des talibans.

D'après Sima Joyenda, la gouverneure provinciale, la victime, âgée d'une vingtaine d'années, a été lapidée à mort par des talibans, des dignitaires religieux et des chefs de guerre. Elle a été mariée à un homme contre son gré, puis «elle s'est enfuie avec un homme de son âge», avant d'être rattrapée, selon Mme Joyenda.