Le nouveau conseiller en communication du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou était rattrapé jeudi par une série de déclarations à l'emporte-pièce faites par le passé, dont l'une où il accuse le président américain Barack Obama d'antisémitisme.

La révélation des propos de Ran Baratz sur M. Obama, parmi d'autres potentiellement, très gênants, intervient quatre jours avant que le président américain ne reçoive M. Nétanyahou à Washington, après des mois de relations tendues.

Devant le possible dommage diplomatique, le premier ministre a pris dans la soirée ses distances avec M. Baratz, disant avoir découvert ses déclarations passées «pour la première fois» après l'annonce de sa nomination. Ces mots sont «inappropriés et ne reflètent pas mes positions ni les politiques du gouvernement», a-t-il dit sur son compte Twitter.

M. Baratz, 42 ans, quant à lui présenté ses excuses sur Facebook.

Les services de M. Nétanyahou ont annoncé mercredi la nomination de M. Baratz comme «conseiller pour les médias et chef de la diplomatie publique et des médias au bureau du premier ministre», un poste stratégique dont le titulaire commande la communication du gouvernement.

Depuis sont ressorties les déclarations de M. Baratz sur M. Obama, sur son secrétaire d'Etat John Kerry dont «l'âge mental ne dépasse pas 12 ans», sur le président israélien Reuven Rivlin dont même selon lui, l'organisation Etat islamique (EI) ne voudrait pas comme otage, ou sur l'esplanade des Mosquées.

«Visage moderne de l'antisémitisme»

«Permettez-moi d'être abrupt et de me départir de ma mesure coutumière», écrivait M. Baratz sur sa page Facebook en mars au sujet d'un discours prononcé par M. Nétanyahou devant le Congrès américain sur le nucléaire iranien. La Maison-Blanche avait dénoncé cette allocution comme une ingérence sans précédent dans les affaires intérieures américaines.

Habitant d'une colonie de Cisjordanie occupée, il appelait sur le site d'information NRG en 2004 à la reconstruction du temple juif sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem. Il préconisait que les musulmans ne soient autorisés à y prier que s'ils reconnaissaient le site comme un lieu saint juif.

L'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré pour les juifs, est au coeur de la vague de violences à Jérusalem et dans les Territoires palestiniens depuis le début octobre.

«Excuses»

La semaine passée, M. Baratz, toujours sur Facebook, prenait position dans un débat sur les menaces que l'extrémisme juif ferait peser sur la vie du président israélien.

M. Rivlin est une «figure tellement marginale» qu'il n'y a rien à craindre, disait-il, «on pourrait l'envoyer en parapente sur la partie du Golan (syrien) contrôlée par l'EI et ils nous supplieraient de le reprendre», selon lui.

«Je présente mes excuses pour les propos blessants que j'ai mis en ligne sur le président d'Israël, le président des États-Unis et d'autres figures publiques. Je suis désolé de ne pas en avoir informé le premier ministre par avance», a dit jeudi soir M. Baratz sur Facebook.

Ces propos ont été postés «sans réfléchir davantage» et relevaient «souvent de la plaisanterie» formulée dans un langage «plus approprié pour les réseaux sociaux», a-t-il écrit.

M. Baratz dit «comprendre parfaitement» qu'il aurait dû s'exprimer différemment. «J'ai demandé au premier ministre l'opportunité de clarifier ces choses avec lui dans les prochains jours».

M. Nétanyahou a indiqué qu'il rencontrerait M. Baratz quand il rentrerait des États-Unis la semaine prochaine.