La justice israélienne a condamné mardi à 11 mois de prison ferme le chef d'une organisation islamiste, actuellement dans le collimateur du gouvernement pour son rôle moteur dans la mobilisation autour de l'esplanade des Mosquées.

Les violences en cours depuis début octobre, dont l'esplanade est l'épicentre, ont continué avec les dernières en date d'une série d'attaques quotidiennes au couteau de Palestiniens isolés contre des Israéliens.

Deux Palestiniens ont poignardé et sérieusement blessé un soldat israélien avant d'être abattus par d'autres soldats en Cisjordanie occupée, près du Goush Etsion, un ensemble de colonies israéliennes entre Bethléem et Hébron, a indiqué l'armée.

Selon des responsables de la sécurité palestinienne, les assaillants présumés étaient deux habitants d'Hébron âgés de 17 et 22 ans.

Plus tard, un autre Palestinien a tenté de poignarder un soldat à Hébron, avant d'être également abattu, selon l'armée.

Amnesty International a accusé Israël «de meurtres illégaux de Palestiniens et d'usage intentionnel de la force meurtrière sans justification» à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupées : dans au moins quatre cas, «des Palestiniens ont été délibérément tués par les forces israéliennes alors qu'ils ne posaient aucune menace imminente de mort, dans ce qui s'apparente à des exécutions extrajudiciaires».

Interdire la «branche nord»

Cheikh Raëd Salah, chef du «Mouvement islamique - branche nord» a été condamné en appel par un tribunal de Jérusalem à 11 mois de prison ferme pour incitation à la haine dans un discours tenu en février 2007 à Jérusalem.

Il avait été condamné à huit mois en 2014 pour avoir appelé «tout musulman et Arabe à venir en aide aux Palestiniens et à lancer une intifada islamique» pour Jérusalem et l'esplanade.

Le tribunal a alourdi la peine et l'a assortie de huit mois de sursis. Son avocat va saisir la Cour suprême. «La prison ne nous fait pas peur», a proclamé Raëd Salah, présent à l'audience et censé se livrer le 15 novembre.

Le «Mouvement islamique - branche nord», organisation légale, est désigné par le premier ministre Benyamin Nétanyahou comme l'un des principaux instigateurs des troubles autour de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré du judaïsme.

L'esplanade, site sous la garde de la Jordanie mais dont Israël contrôle tous les accès et y fait la police, est au coeur d'une escalade qui a réveillé le spectre d'une troisième intifada.

Défendre l'esplanade est l'un des principaux cris de ralliement lancés par la «branche nord» pour mobiliser les Arabes israéliens, les quelque 1,4 million de descendants de Palestiniens restés sur leurs terres en 1948 et ayant la citoyenneté israélienne. Ils sont très largement solidaires des Palestiniens.

M. Nétanyahou a dit vouloir faire interdire «la branche nord», comme l'en presse la droite.

Le rêve d'une ministre 

Le soupçon qu'Israël veuille changer les règles régissant l'esplanade des Mosquées (le «statu quo»), autoriser les juifs à prier et à terme prendre le contrôle du site passe pour un déclencheur primordial des violences récentes.

M. Nétanyahou affirme constamment son engagement à maintenir le «statu quo» et a été contraint de rappeler son gouvernement à la discipline après des propos potentiellement incendiaires d'un de ses membres.

«Je rêve de voir le drapeau israélien flotter sur le mont» du Temple, nom désignant l'esplanade pour les juifs, a dit la ministre adjointe des Affaires étrangères Tzipi Hotovely, qui s'est aussi prononcée pour le droit des juifs à prier sur l'esplanade.

Le bureau de M. Nétanyahou a réagi en affirmant que celui-ci n'avait «pas changé» de politique et qu'il attendait de tous les membres du gouvernement qu'ils «agissent en conséquence». Mme Hotovely a dû faire marche arrière et assurer sa loyauté au gouvernement.

Depuis le 1er octobre, la vague de violences dans les Territoires palestiniens, à Jérusalem et en Israël a fait d'un côté 59 morts, des Palestiniens et un Arabe israélien - pour moitié des auteurs d'attentat, et de l'autre neuf morts israéliens.

La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a appelé M. Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas à recevoir «dans les prochains jours» les représentants du Quartette (États-Unis, Russie, UE et ONU) en vue de reprendre les négociations de paix.

Mercredi, M. Abbas s'exprimera à Genève devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU sur la situation dans la région, à l'occasion d'une «réunion spéciale» demandée par les Palestiniens.