Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon va informer mercredi le Conseil de sécurité de ses contacts au Proche-Orient pour tenter d'apaiser les tensions israélo-palestiniennes, au cours de consultations à huis clos, ont indiqué mardi des diplomates.

M. Ban s'adressera au Conseil par vidéoconférence depuis Ramallah (Cisjordanie), où il doit rencontrer mercredi le président palestinien Mahmoud Abbas.

C'est à la demande de M. Ban que cette réunion a été convoquée « d'urgence », à partir de 15 h locales (19 h GMT), « pour informer les membres du Conseil de sa visite en Israël et Palestine », ont précisé ces diplomates.

Visite surprise de Ban dans la région

Alors même que M. Ban arrivait pour une visite surprise de deux jours en Israël puis dans les Territoires palestiniens, l'armée et la police israéliennes rapportaient deux nouveaux attentats contre des Israéliens en Cisjordanie occupée: l'un à l'arme blanche près d'Hébron, l'autre à la voiture bélier et au couteau au sud de Jérusalem.

Trois Israéliens ont été blessés. Les deux auteurs palestiniens ont été abattus. Dans la bande de Gaza, un Palestinien a été tué par des tirs israéliens dans des heurts le long de la barrière frontalière qui enferme le territoire, ont rapporté les secours palestiniens.

Et un Israélien est mort dans des circonstances peu claires à la suite de jets de pierres sur sa voiture près d'Hébron.

Les affrontements désormais quotidiens ont à nouveau mis aux prises Palestiniens et soldats israéliens près de Ramallah et d'Hébron ainsi qu'à Bethléem.

Les heurts, les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons israéliens et une vague d'attentats anti-israéliens ont fait plus de 40 morts palestiniens (dont plusieurs auteurs d'attaques) ainsi qu'un mort arabe israélien d'une part, et huit morts israéliens de l'autre depuis le 1er octobre. Un Érythréen, pris par erreur pour un auteur d'attentat, a été tué.

«Dangereux abîme»

Dans un tel contexte, le secrétaire général de l'ONU a exprimé avec insistance «l'alarme» de la communauté internationale devant une «dangereuse escalade», lors d'une rencontre avec le président israélien Reuven Rivlin.

Il a affirmé l'urgence pour les dirigeants israéliens et palestiniens d'agir, faute de quoi «la dynamique sur le terrain ne ferait qu'empirer, avec de graves répercussions en Israël et au-delà d'Israël et de la Palestine».

«Pour l'avenir de nos enfants, nous devons revenir de ce dangereux abîme», a-t-il dit en évoquant la paralysie actuelle de l'effort de paix et en réaffirmant l'attachement de l'ONU à une solution «à deux États», israélien et palestinien coexistant en paix.

M. Ban, qui devait rencontrer dans la soirée le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et mercredi le président palestinien Mahmoud Abbas, n'a pas évoqué publiquement les mesures que pourraient prendre l'un et l'autre.

Sa visite relève d'un effort diplomatique récent face aux violences qui secouent Jérusalem, Israël et les Territoires palestiniens et font craindre une nouvelle intifada. Le secrétaire d'État américain John Kerry doit rencontrer M. Nétanyahou cette semaine en Allemagne, puis M. Abbas, peut-être en Jordanie.

La communauté internationale cherche à grand-peine les moyens de contenir la nouvelle explosion des tensions. Côté palestinien c'est une jeunesse exaspérée par l'occupation et la colonisation, désabusée par ses propres dirigeants, encouragée par les réseaux sociaux et aiguillonnée par les imprécations religieuses qui est en première ligne.

«Dans cette période difficile, il faut dire: trop, c'est trop. Cessons de prendre de grands airs et ramenons la mesure», avait déclaré M. Ban avant sa visite impromptue, dans un message enregistré pour la télévision onusienne, adressé à la jeunesse palestinienne et à la population israélienne, et très critique envers les dirigeants des deux bords.

Nouvelle démolition punitive

M. Ban y soulignait la déception des jeunes palestiniens envers leurs dirigeants. Aux dirigeants israéliens, il assénait que «les murs, les points de contrôle, la dureté de la réaction des forces de sécurité et les destructions de maisons ne vous assureront pas la paix et la sécurité».

Comme en écho, avant l'arrivée de M. Ban et malgré l'opposition de dizaines de lanceurs de pierres, les soldats israéliens ont détruit tôt mardi le domicile de Maher al-Hashlamoun au marteau-piqueur à Hébron. Ce membre du Djihad islamique a été condamné en mars par un tribunal israélien à une double peine de prison à vie pour avoir mortellement poignardé une habitante d'une colonie israélienne et blessé deux autres colons en novembre 2014 en Cisjordanie occupée.

Face à des attentats qui mettent les nerfs des Israéliens à vif, M. Nétanyahou a promis d'accélérer les procédures de destruction de maisons d'auteurs d'attentats, pratique décriée par ses détracteurs comme relevant de la punition collective.

L'armée et la sécurité intérieure israéliennes ont aussi arrêté avant l'aube l'un des principaux chefs du mouvement islamiste Hamas en Cisjordanie, Hassan Youssef, qui a «activement initié et incité au terrorisme», selon un communiqué militaire.

Attaque à la voiture-bélier

Deux Israéliens, un soldat et un civil, ont été légèrement blessés mardi en Cisjordanie occupée dans une attaque à la voiture-bélier dont l'auteur a été abattu, ont indiqué la police et l'armée israéliennes.

L'attentat est survenu sur la route reliant Jérusalem et Hébron (Cisjordanie) où des soldats montaient la garde à un carrefour près du bloc de colonies du Goush Etzion, a dit la police.

«Un Palestinien qui a tenté d'écraser des piétons à une station de bus au carrefour du Goush Etzion a blessé légèrement deux personnes, un soldat et civil. Un soldat sur place a abattu le terroriste quand il est sorti de sa voiture un couteau à la main», a dit l'armée dans un communiqué.

Un projet arabe de résolution sur les lieux saints de Jérusalem inquiète l'UNESCO

PARIS - Un groupe de pays arabes a soumis à l'UNESCO un texte présentant le Mur des Lamentations à Jérusalem, révéré par les juifs, comme une «partie intégrante» du lieu saint musulman de l'Esplanade des Mosquées, qui inquiète la direction de l'agence onusienne et suscite la colère d'Israël.

«La place Al Buraq (NDLR, nom employé par les musulmans pour désigner l'esplanade devant le Mur) fait partie intégrante de la mosquée al-Aqsa», affirme une version provisoire de ce «projet de décision» du Conseil exécutif de l'UNESCO, obtenue mardi par l'AFP Présenté conjointement par l'Algérie, l'Égypte, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Maroc et la Tunisie, le texte doit être soumis mercredi ou jeudi aux votes des 58 pays membres du Conseil, selon des sources diplomatiques concordantes.

Dans une allusion à peine voilée à cette initiative, la patronne de l'UNESCO, Irina Bokova, a marqué mardi sa réticence à son encontre.

«La directrice générale déplore les récentes propositions en cours de discussions par le Conseil exécutif (...) et qui pourraient être perçues comme des modifications au statut de la Vieille Ville de Jérusalem et ses remparts», a affirmé l'UNESCO dans un communiqué.

Elle «en appelle au Conseil» pour «prendre des décisions qui n'alimentent pas davantage les tensions sur le terrain et qui encouragent au respect du caractère sacré des lieux saints».

La démarche arabe, attribuée par Israël aux Palestiniens, a déclenché des réactions courroucées de l'État hébreu.

La vice-ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Hotovely, a dénoncé une «tentative honteuse et trompeuse de réécrire l'Histoire», reprochant au président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de «poursuivre la tradition de mensonge de (son prédécesseur) Yasser Arafat».

Le ministère lui-même a indiqué s'être «engagé avec des États amis et avec des dirigeants de l'UNESCO pour s'assurer que cette tentative palestinienne échoue».

La querelle des Lieux saints de l'islam et du judaïsme à Jérusalem a été la cause directe de certains des épisodes les plus violents du conflit israélo-palestinien depuis un siècle.

L'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam mais aussi site le plus sacré du judaïsme, passe pour un facteur primordial du regain actuel de violences entre les deux peuples.

L'emblématique dôme du Rocher qui s'y trouve se dresse sur le rocher d'où le prophète Mahomet serait monté au ciel sur sa jument ailée, al-Bouraq. Tout près se trouve la mosquée al-Aqsa qui donne souvent son nom à l'esplanade.

C'est à cet emplacement que le roi Salomon avait érigé son Temple, dont il ne reste trace, et les énormes pierres du Mur des Lamentations en contrebas sont le dernier vestige du second Temple érigé plusieurs siècles plus tard par le roi Hérode et détruit en l'an 70 par les Romains.