Le gouvernement yéménite a été invité à participer avec les rebelles chiites Houthis à un nouveau round de pourparlers sous l'égide de l'ONU destiné à mettre fin à sept mois de guerre au Yémen, a indiqué samedi à l'AFP son porte-parole Rajeh Badi.

Le conflit a éclaté fin mars avec l'intervention de la coalition menée par l'Arabie saoudite qui venait en aide au gouvernement pour empêcher les rebelles de s'emparer de tout le pays après leur prise, à partir de septembre 2014, de vastes territoires.

Cette coalition a tué «par erreur» samedi dans un raid aérien plusieurs combattants progouvernementaux dans le sud du pays, selon une source médicale et des témoins.

Sur le plan politique, M. Badi a indiqué à l'AFP que son gouvernement avait reçu «une invitation du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, par l'intermédiaire de son envoyé spécial pour le Yémen Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, pour tenir un nouveau round de consultations avec les Houthis et Ali Abdallah Saleh», l'ex-président, allié des rebelles.

Des discussions, a-t-il dit, «en vue de l'application de la résolution 2216» du Conseil de sécurité de l'ONU, qui prévoit notamment le retrait des rebelles des zones qu'ils ont conquises.

Cette annonce intervient deux jours après que le vice-secrétaire général des Nations unies Jan Eliasson a dit espérer la reprise des négociations ce mois-ci entre le gouvernement et les rebelles.

«Il n'y a pas eu encore d'accord sur le lieu (des pourparlers) ou sur une date spécifique», a précisé le porte-parole.

Le gouvernement a indiqué à l'agence de presse sabanew.net qu'il répondrait «officiellement à l'invitation de l'ONU sous les 48 heures».

Plusieurs tentatives de négociations de paix menées par l'ONU ont échoué cette année.

Les rebelles Houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme), soutenus par l'Iran, sont partis en juillet 2014 de leur fief de Saada (nord) pour entrer deux mois plus tard dans Sanaa avec la complicité d'unités militaires restées fidèles à Ali Abdallah Saleh. Ils se sont emparés ensuite de plusieurs provinces.

Bavure de la coalition

Fort du soutien de la coalition, les forces antirebelles ont pu reconquérir cet été cinq provinces du sud du pays, dont celle d'Aden.

Sur le terrain, le bilan des victimes d'un raid de la coalition ayant visé «par erreur» des combattants progouvernementaux divergeait en fonction des sources.

Des témoins et sources médicales ont parlé d'au moins 30 morts et 40 blessés dans la frappe, menée sur Waziha, entre les provinces de Taëz et Lahej.

Mais le commandant des forces gouvernementales dans la région, Abed Rabbo al-Mehwali, a indiqué à l'AFP que seulement «huit combattants avaient été tués et 25 blessés».

Les forces progouvernementales ont repris la province de Lahej cet été mais des combats font rage depuis des mois dans celle voisine de Taëz, contrôlée par les rebelles.

Dans la province de Marib, à l'est de Sanaa, trois combattants gouvernementaux ont été tués samedi dans une attaque rebelle, selon des sources militaires. Et un civil a été tué et un autre blessé lorsque leur véhicule a heurté une mine déposée par les rebelles à Marib, selon un responsable de la sécurité.

L'agence officielle émiratie a en outre indiqué samedi qu'un soldat des Émirats, pays participant aux opérations de la coalition, avait été tué. Cette mort porte à 68 le nombre de militaires émiratis à avoir péri dans le cadre de ces opérations.

Parmi les autres pays membres de la coalition arabe figure le Soudan, dont des centaines de soldats sont arrivés samedi à Aden «pour prendre part aux opérations et sécuriser la ville», ont indiqué à l'AFP des responsables de sécurité.

Selon l'ONU, plus de 5000 personnes ont été tuées depuis mars au Yémen.