Les membres de la famille du mollah Omar ont finalement fait allégeance cette semaine à son successeur à la tête des talibans afghans dans le cadre d'un accord de «partage de pouvoir» visant à assurer «l'unité» de la rébellion islamiste, ont confirmé mercredi des sources talibanes.

Le fils et le frère du mollah Omar, Yacoub et Abdul Manan, menaient une cabale depuis la fin juillet contre le mollah Mansour, alors promu «émir» des insurgés après l'annonce de son décès qui remonte en fait à avril 2013.

Les deux hommes, à la tête d'un groupe de commandants dissidents, dénonçaient une succession «expéditive» et «non consensuelle» et accusaient la direction des talibans d'une trop grande proximité avec les services secrets pakistanais, soupçonnés de souffler le chaud et le froid en Afghanistan voisin.

«La famille du fondateur de l'Émirat islamique (nom officiel des insurgés, NDLR) a fait allégeance au mollah Akhtar Mohammad Mansour, à titre de nouveau chef de l'Émirat», ont écrit dans un communiqué les talibans sur leur site officiel.

Les mollahs Yacoub et Abdul Manan ont fait allégeance au mollah Mansour «devant des cheikhs, des oulémas et des cadres» talibans lors d'une cérémonie dans un lieu non précisé, a ajouté le communiqué, soulignant que le fils du mollah Omar avait alors dit vouloir «renforcer et unir» les rangs de la rébellion par cette mesure.

Contacté par l'AFP, un cadre taliban a confirmé cette allégeance tardive qui s'inscrit dans le cadre d'un accord de «partage de pouvoir» au sein de la rébellion islamiste afghane en lutte avec le gouvernement de Kaboul et les forces de l'OTAN déployées dans le pays, malgré une amorce timide de pourparlers de paix au début de l'été.

Cet accord prévoit la tenue d'une nouvelle élection des membres de la «choura» - ou conseil central - des talibans qui sera d'ailleurs présidée par un membre de la famille du mollah Omar. Les décisions prises par ce futur conseil des insurgés seront aussi «finales», donc non négociables, a précisé cette source.

Malgré des divisions internes au cours des derniers mois et l'émergence de la branche locale de l'organisation État islamique (EI), l'insurrection talibane n'a montré aucun signe d'essoufflement sur le terrain.

Un attentat à la voiture piégée revendiqué par les insurgés a ainsi fait mercredi au moins quatre morts, dont un haut responsable de la police, et une quarantaine de blessés en banlieue de la capitale Kaboul, selon des sources locales. Ces violences poussent de nombreux Afghans à demander l'asile à l'étranger, voire à s'embarquer pour l'Europe via des filières clandestines.