Trente-deux pays ont exprimé lundi leur inquiétude concernant la situation des droits de la personne à Bahreïn, appelant cet État du Golfe à enquêter sur des informations faisant état de torture et d'autres abus.

«La situation des droits de l'homme demeure une grave préoccupation pour nous», a affirmé, au nom des 32 pays, l'ambassadeur suisse Alexandre Fasel dans une déclaration devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève.

Il a salué des «pas positifs» accomplis par le gouvernement bahreïni, avec la nomination d'un médiateur au ministère de l'Intérieur, la création d'une unité spéciale d'enquête sur les accusations contre les forces de l'ordre, ainsi que d'une commission sur les droits des détenus et prisonniers.

La déclaration des 32 pays exprime cependant leur inquiétude concernant «des rapports sur le harcèlement et l'emprisonnement de personnes ayant exprimé leur opinion et exercé leur droit de rassemblement ou d'association pacifique, y compris des défenseurs des droits de l'homme».

Le texte, soutenu en particulier par les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, mais pas par le Canada, dénonce par ailleurs les garanties insuffisantes pour des procès justes ainsi que la détention de mineurs pour avoir manifesté.

Il appelle le gouvernement de Bahreïn à examiner les informations relatives à «des cas de torture et de mauvais traitements de prisonniers et d'ouvrir des enquêtes et des poursuites».

Enfin, il demande l'autorisation d'une visite à Bahreïn du rapporteur spécial de l'ONU sur la torture et que des instructions soient données aux forces de sécurité pour éviter «un usage excessif de la force».

À Manama, le ministre de l'Information Issa Al-Hammadi a réagi en défendant la politique de son gouvernement et en regrettant que les signataires de la déclaration aient «minimisé» les efforts déployés par Bahreïn conformément aux recommandations du Conseil des droits de l'homme.

«S'agissant de l'accusation sur un recours excessif à la force, Bahreïn a déployé beaucoup d'efforts», a-t-il dit à l'AFP, faisant état d'une retenue des forces de sécurité qui interviennent lors de troubles.

Dix-sept policiers ont été tués et 3244 blessés «par la violence des manifestants et (les actes de) terrorisme» depuis 2011, a-t-il ajouté, indiquant que son gouvernement agissait en matière de droits de l'homme pour «satisfaire les citoyens et non pas des pays ou des organisations».

Le Royaume de Bahreïn, allié stratégique des États-Unis, est le théâtre de troubles depuis un mouvement de protestation déclenché en 2011 par des opposants issus de la majorité chiite qui réclament des réformes politiques à la dynastie sunnite au pouvoir.