Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé jeudi la conclusion d'un accord majeur entre son gouvernement et un consortium comprenant l'américain Noble Energy sur l'exploitation des réserves israéliennes de gaz naturel en Méditerranée.

Cet accord est censé permettre de surmonter des mois d'incertitudes et de querelles qui ont ralenti l'exploitation d'une richesse dont Israël attend des retombées économiques, et peut-être stratégiques, considérables. Il reste cependant soumis à des aléas politiques, comme une éventuelle approbation par le Parlement.

Noble Energy et l'Israélien Delek Group exploitent ensemble depuis 2013 le gisement de gaz de Tamar, à environ 80 km au large de Haïfa. Ils sont également associés pour développer Leviathan, plus grand champ gazier de Méditerranée, dont l'exploitation à 130 km des côtes de Haïfa devrait commencer quand les réserves de Tamar commenceront à se tarir.

Des accords antérieurs avec le gouvernement israélien ont été remis en cause au cours des derniers mois par l'autorité de la concurrence, provoquant l'ouverture de nouvelles négociations soumises à de fortes pressions politiques.

La discussion entre les négociateurs gouvernementaux d'une part, et ceux de Noble Energy et Delek Group d'autre part concernait notamment le prix du gaz provenant des réserves israéliennes et le développement futur de ces réserves.

M. Netanyahu n'a pas fourni de détails sur l'accord. Mais celui-ci «va rapporter des centaines de milliards de shekels (1 shekel 0,26 USD) aux Israéliens dans les années à venir», a-t-il dit dans une brève déclaration. «Le gaz qui arrivera en Israël contribuera aussi à réduire de manière considérable le coût de la vie», a-t-il ajouté.

L'accord porte sur deux points essentiels, rapporte la presse. Le prix du gaz sera rapporté à un index du coût de l'énergie entre le public et le privé, ce qui devrait signifier une baisse des tarifs par rapport aux accords antérieurs passés avec Noble Energy et Delek Group.

Par ailleurs, le consortium doit s'engager à investir 1,5 milliard de dollars dans le développement de Leviathan au cours des deux prochaines années. À défaut, le gouvernement ne serait plus lié par un engagement à ne pas toucher jusqu'en 2025 à la réglementation fiscale et structurelle de l'industrie du gaz,  indique la presse.

L'accord doit à présent être soumis à l'approbation du conseil des ministres dimanche. M. Netanyahu s'est dit convaincu qu'il sera approuvé «à une large majorité». Cependant la question d'une approbation par le Parlement, où M. Netanyahu dispose d'une voix de majorité, semble rester en suspens.

Le gouvernement de M. Netanyahu pousse de toutes ses forces pour accélérer l'exploitation du gaz naturel en Méditerranée. Son cabinet restreint avait pris fin juin la décision exceptionnelle de déclarer l'exploitation de cette manne comme relevant de la sécurité nationale, échappant donc aux lois contre les monopoles.

La remise en cause des accords existants avait déconcerté les investisseurs étrangers lorgnant sur le développement ultérieur de ce gisement, l'un des plus importants découverts offshore dans le monde au cours de la décennie écoulée, alors que les incertitudes politiques et l'instabilité réglementaire augmentent déjà considérablement les risques.

La production de Tamar est destinée au marché intérieur. Le gaz est susceptible d'assurer à Israël, isolé dans la région, une indépendance énergétique pour plusieurs décennies. Mais la production de gaz pourrait aussi influer sur la position géostratégique d'Israël, qui pourrait devenir fournisseur de la Jordanie, l'Égypte et l'Autorité palestinienne.