Les autorités israéliennes ont transféré lundi dans un nouvel hôpital un prisonnier palestinien en grève de la faim depuis plus de cinquante jours, faisant craindre à ses soutiens qu'il ne soit nourri de force, ont indiqué ces derniers.

Mohammed Allaan, accusé d'appartenir au Djihad islamique, organisation terroriste selon Israël, a été transféré de Beersheva, au sud du pays, à Ashkélon «pour des raisons médicales», a indiqué un porte-parole des services pénitentiaires sans plus de précision.

Les supporteurs de Mohammed Allaan ont dit redouter qu'il ait été déplacé de Beersheva parce que les médecins refusaient de l'y nourrir de force, et que les services de sécurité espèrent trouver des médecins plus coopératifs ailleurs.

Il pourrait être le premier détenu nourri de force après l'adoption fin juillet d'une nouvelle loi autorisant cette pratique controversée si la vie du gréviste de la faim est en danger. Les détracteurs de cette pratique disent qu'elle vise surtout à parer le contre-coup politique des grèves de la faim et à ne pas paraître céder aux exigences des détenus.

Mohammed Allaan, avocat d'une trentaine d'années, a été placé mi-novembre 2014 en détention administrative, régime contesté de détention sans inculpation, selon la presse israélienne. Il est en grève de la faim depuis 54 jours selon l'organisation Médecins pour les droits de l'Homme/Israël, mais le chiffre varie légèrement en fonction des sources.

Il refuse les traitements médicaux et n'absorbe que de l'eau, disent ses soutiens. Il est «en danger de mort imminente», affirmait vendredi le Comité international de la Croix-Rouge. Et son avocat Jamil al-Khatib dit avoir été informé par des responsables judiciaires israéliens de leur intention de le faire nourrir de force.

Il semble qu'il ait été transféré parce que les médecins de Beersheva ont refusé de le soigner contre son gré, a indiqué à l'AFP Hadas Ziv, de l'organisation Médecins pour les droits de l'Homme.

Le député arabe israélien Basel Ghattas a, sur son compte Facebook, expliqué avoir écrit au directeur de l'établissement d'Ashkélon pour lui dire: «Ne transformez pas l'hôpital Barzilai en Guantanamo israélien. Ne forcez pas vos médecins à participer à des actes de torture».

Des détenus palestiniens refusent régulièrement de s'alimenter pour protester contre leurs conditions de détention.