Le Sultanat d'Oman a aidé à la libération de l'otage française Isabelle Prime, qui était retenue au Yémen, confirmant son rôle de médiateur discret et souvent efficace.

C'est par une brève annonce que le ministère omanais des Affaires étrangères a indiqué que la Française, retenue au Yémen depuis le 24 février, était arrivée vendredi à l'aube à Oman d'où elle doit regagner la France.

L'ex-otage, âgée de 30 ans, a été «retrouvée au Yémen» grâce à des recherches menées par les autorités omanaises en coordination avec «certaines parties yéménites», a ajouté le porte-parole, sans fournir d'autres détails.

Et d'ajouter que c'est sur «instructions du sultan Qabous et à la demande des autorités françaises que ces recherches ont été menées».

En annonçant la libération de l'ex-otage dans la nuit de jeudi à vendredi, le président français François Hollande a exprimé «toute sa gratitude à tous ceux qui ont oeuvré à cette solution, et notamment au Sultan Qabous».

Déjà fin 2011, Oman avait servi de pays de transit pour trois humanitaires français après leurs libérations successives au Yémen.

Plus récemment, le sultanat a aidé début juin au rapatriement d'un journaliste américain retenu pendant deux semaines au Yémen par les rebelles chiites Houthis.

Oman est la seule des six monarchies du Golfe à ne pas participer aux raids qu'une coalition arabe dirigée par Riyad mène depuis fin mars au Yémen, contre les Houthis.

Le sultanat entretient de bonnes relations avec l'Arabie saoudite sunnite comme avec l'Iran chiite, les deux grands pays rivaux de la région.

C'est ainsi que des «discussions informelles et discrètes» entre Américains et rebelles Houthis se sont tenues à Oman pour trouver une issue à la guerre au Yémen, selon des sources diplomatiques.

Ne jamais rompre

Grâce à cette position, le Sultanat d'Oman garde des contacts avec toutes les parties en conflit au Yémen, son voisin de l'ouest, fait-on remarquer dans les milieux politiques yéménites.

«Les Omanais gardent des contacts avec les Houthis et leurs alliés, les fidèles de l'ancien président yéménite Ali Abdallah, ce qui facilite leurs efforts de médiation», a déclaré à l'AFP un responsable des services de sécurité yéménites.

Ils continuent aussi, selon le même responsable, d'entretenir des liens avec le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui s'est exilé en Arabie saoudite après l'arrivée à Aden fin mars des rebelles Houthis venus du nord.

«C'est une politique menée depuis toujours par les Omanais. Pendant la guerre civile yéménite en 1994, Mascate a donné l'asile aux dirigeants sudistes qui ont tenté de se séparer du nord, tout en gardant de bonnes relations avec le pouvoir nordiste incarné alors par l'ex-président Saleh», rappelle le même responsable.

«Ne jamais rompre» avec aucun pays ou aucune partie est une règle de la politique étrangère d'Oman, souligne Olivier Da Lage, spécialiste du Golfe.

La Syrie illustre cette politique. Mascate n'a pas rompu avec le régime du président Bachar al-Assad contrairement à ses partenaires arabes du Golfe. Oman ne fait pas partie non plus de la coalition engagée dans des frappes contre le groupe Etat islamique (EI) à laquelle participent ses voisins arabes.

Mascate a accueilli jeudi le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem, qui a effectué à Oman sa première visite dans un pays du Golfe depuis près de quatre ans.

Mascate et Damas ont dit à cette occasion vouloir unifier leurs efforts pour mettre fin à la guerre qui ravage la Syrie.

C'est aussi grâce à ses bonnes relations avec l'Iran, avec lequel il partage le contrôle du détroit stratégique d'Ormuz, que le sultanat a accueilli les rencontres secrètes entre les États-Unis et la République islamique qui ont abouti aux négociations et à l'accord sur le nucléaire iranien.