Au moins 35 personnes ont péri dans deux attentats meurtriers survenus en moins de 24 heures à Kaboul, première vague d'attaques d'envergure dans la capitale afghane depuis la nomination du successeur du mollah Omar à la tête des talibans.

Si les rebelles talibans n'ont pas revendiqué la première attaque, qui a tué 15 personnes dans une zone résidentielle, ils se sont en revanche attribué la responsabilité de la seconde, où 20 cadets de la police afghane ont péri vendredi soir.

Il s'agit de la première grande vague de violences à ensanglanter Kaboul depuis la nomination du mollah Mansour à la tête des talibans, en remplacement du défunt mollah Omar, le leader historique des insurgés islamistes dont la mort a été annoncée la semaine dernière.

L'attentat suicide le plus récent s'est produit en début de soirée vendredi devant l'entrée d'une académie de police de Kaboul, alors que les cadets rentraient de week-end.

Un kamikaze s'est fait exploser «au milieu d'un groupe de cadets», a déclaré le chef de la police de Kaboul, Abdul Rahman Rahimi. Une source sécuritaire a expliqué à l'AFP qu'il s'était fondu dans la masse grâce à l'uniforme de policier qu'il portait.

Trois sources au sein de la police et des services de renseignement, qui ont requis l'anonymat, ont avancé un bilan d'au moins 20 morts.

De très nombreuses ambulances convergeaient toutes sirènes hurlantes vers le lieu de l'attentat, dans l'ouest de la capitale, selon un photographe de l'AFP qui s'est rendu sur place.

Moins de 24 heures avant cette attaque, vers 1h vendredi (16h30 jeudi, heure du Québec) un attentat au camion piégé a dévasté tout un quartier résidentiel du centre de Kaboul, tuant au moins 15 personnes et en blessant plus de 240, selon Sayed Zafar Hashemi, un porte-parole du président Ashraf Ghani.

Mais d'après les enquêteurs, la cible pourrait avoir été un bâtiment militaire proche du lieu de l'explosion.

«Tout mon corps était en sang. L'explosion a été très forte, elle a eu lieu juste en face de chez nous», a raconté à l'AFP Habibullah, un rescapé, de son lit d'hôpital.

Des Afghans appelaient vendredi leurs compatriotes à donner leur sang pour soulager des hôpitaux débordés à la suite de cette attaque vivement condamnée par Ashraf Ghani qui a rendu visite à des blessés dans un hôpital.

«En perpétrant un attentat-suicide dans un quartier d'habitation, les ennemis du peuple afghan ne récoltent que la honte», a-t-il déclaré.

«Une tactique des chefs talibans»

Interrogé par l'AFP, Zabihullah Mujahid, porte-parole des rebelles talibans a dit ne pas être «au courant» de cette attaque, mais elle pourrait porter leur marque.

Les insurgés ne revendiquent généralement pas les attentats faisant des victimes civiles, même s'ils sont responsables de la plus grande partie des violences contre ces derniers, selon un rapport de la mission de l'ONU en Afghanistan (UNAMA) publié cette semaine.

Dans la première moitié de l'année, qui a été marquée par la fin de la mission de combat de l'OTAN, les violences contre les civils ont atteint un record avec 1592 morts et 3329 blessés, a relevé l'Unama.

C'est sans compter les victimes au sein de la police et de l'armée afghanes, qui doivent contenir seules une insurrection s'étendant désormais à la quasi-totalité de l'Afghanistan.

«Cette nouvelle vague d'attentats est une tactique utilisée par la nouvelle direction des talibans pour montrer qu'ils sont toujours opérationnels», a jugé Abdul Hadi Khaled, un expert Afghan en sécurité.

Car une frange de la rébellion islamiste refuse de faire allégeance au nouveau chef, le mollah Mansour, l'accusant d'avoir été couronné au terme d'un processus de désignation expéditif et d'avoir menti pendant deux ans sur l'état de santé du mollah Omar, qui s'est éteint en avril 2013 au Pakistan, selon les services secrets afghans.

En outre, une partie des talibans ne veut pas entendre des pourparlers de paix entamés il y a un mois avec le gouvernement afghan.

Cette amorce de dialogue inédite est le dossier brûlant dont hérite le mollah Mansour. Après un premier cycle de pourparlers organisé début juillet au Pakistan, une deuxième rencontre devait avoir lieu la semaine dernière, mais elle a été reportée sine die après l'annonce de la mort du mollah Omar.