Déchirés par de féroces conflits internes, les rebelles talibans n'en continuent pas moins leur offensive estivale contre les forces de sécurité afghanes avec un attentat suicide qui a tué six personnes jeudi, première attaque d'envergure depuis l'annonce de la mort du mollah Omar, leur chef historique.

Les forces de sécurité afghanes, en plein dans la ligne de mire des insurgés, ont d'autant plus de mal à faire face qu'elles sont seules pour gérer la rébellion depuis la fin de la mission de combat des troupes de l'OTAN en décembre dernier. Sur le terrain, cela se traduit par une puissance de feu amoindrie et un équipement souvent mal entretenu.

Illustration tragique de ces failles: l'attentat suicide a été suivi par l'écrasement d'un hélicoptère militaire dans le sud du pays qui a tué les 17 occupants de l'appareil et était dû, selon les autorités, à un «problème technique».

L'attentat suicide visait un centre de la force d'intervention rapide de la police à Pul-e Alam, capitale de la province de Logar, au sud de Kaboul.

Selon le gouverneur, Halim Fedaye, un kamikaze au volant d'un camion a fait exploser sa charge devant le poste. «La déflagration a été si puissante que trois bâtiments aux alentours ont été fortement endommagés», a indiqué à l'AFP Mohammad Qari Wara, le chef adjoint de la police provinciale, avançant un bilan de six morts, trois policiers et trois civils, et trois blessés.

L'attaque, très vite revendiquée par les talibans, montre que leur ardeur au combat qu'ils mènent depuis la chute de leur régime en 2001 n'est pas entamée, malgré les conflits qui les traversent depuis l'annonce de la mort du mollah Omar, leur chef historique, et la désignation du mollah Akhtar Mansour à leur tête.

Une frange non négligeable des talibans, dont la famille du mollah Omar, refuse de faire allégeance au nouveau chef, en raison notamment de la proximité avec le Pakistan dont elle l'accuse et des pourparlers de paix avec le gouvernement afghan dont certains combattants ne veulent pas entendre parler.

Après un premier round organisé début juillet au Pakistan, une deuxième rencontre entre les deux parties devait avoir lieu la semaine dernière, mais elle a été reportée sine die après l'annonce de la mort du mollah Omar.

Ces négociations directes, inédites, visent à mettre fin, à terme, au conflit sanglant qui ravage l'Afghanistan depuis 2001.

17 morts dans un écrasement d'hélicoptère

Épaulées par les 13 000 soldats étrangers affectés à leur formation, les forces de sécurité afghanes peinent à contenir une insurrection qui s'est étendue à la plupart des provinces afghanes ces derniers mois.

Leur équipement est bien souvent vétuste et manque d'entretien. L'écrasement d'un hélicoptère de transport militaire Mi-17 dans la province de Zaboul jeudi est venu le rappeler.

«Un problème technique» a provoqué sa chute, tuant ses 17 occupants, 12 soldats et cinq membres d'équipage, selon un général de l'armée de l'Air afghane sous couvert de l'anonymat. L'accident s'est produit dans le district de Shinkay.

Le chef du district Mohammad Qasim Khan a confirmé ce bilan. Les insurgés islamistes ne sont «pas actifs» dans cette zone, a-t-il souligné, excluant implicitement que l'appareil ait pu être la cible d'une attaque dans cette province instable.

Ce qui n'a pas empêché un porte-parole des talibans, Qari Mohammad Youssouf Ahmadi, d'assurer que l'appareil avait été touché par une roquette tirée par les insurgés, provoquant sa chute et «la mort de ses 23 occupants». Les talibans s'attribuent parfois la paternité d'attaques contre l'armée et la police qu'ils n'ont pas eux-mêmes organisées.

Des enquêteurs ont été envoyés sur place pour tenter de déterminer la cause de l'accident d'hélicoptère de jeudi, le pire frappant les forces afghanes depuis la fin de la mission de combat de l'OTAN.

Les accidents d'avions et d'hélicoptères sont un risque permanent pour les troupes afghanes, qui ont très régulièrement recours à ces appareils pour accéder aux zones montagneuses.

L'armée de l'air afghane dispose de 83 hélicoptères Mi-17, mais le manque d'entretien des appareils «est un gros problème», selon Graeme Smith, analyste de l'ONG International Crisis Group (ICG). «Nous sommes en pleine saison des combats et la plupart des hélicoptères sont à la révision», ajoute-t-il.