Les rebelles chiites Houthis ont attaqué une localité dans le sud du Yémen peu après l'entrée en vigueur dans la nuit de dimanche à lundi d'une trêve humanitaire décrétée par la coalition arabe qui les combat, selon des témoins.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a demandé aux rebelles de respecter la pause et a exhorté les belligérants à «faire preuve du maximum de retenue en cas de violations isolées (de la trêve) et à éviter toute escalade».

Les rebelles ont tiré aux obus de char contre des quartiers résidentiels à Jebel Sabr, une localité de la province de Taëz, dans le sud, provoquant des affrontements avec les forces loyalistes, selon les témoins.

La situation était relativement calme dans la capitale Sanaa et dans le nord et le centre du pays, mais des accrochages limités ont été signalés à Lahj (sud) et Mareb (est), selon des responsables et des habitants.

Une heure après le début de la trêve, des échanges de tirs se déroulaient par intermittence au nord d'Aden, où les rebelles résistaient encore à la progression des forces loyalistes qui ont reconquis cette grande ville portuaire du sud, a rapporté un correspondant de l'AFP.

Des raids avant la pause

Les positions des rebelles au nord d'Aden ont été visées dans la soirée par des raids de la coalition, selon des habitants.

Deux raids aériens ont aussi visé les rebelles à Lahj et cinq frappes un dépôt d'armes dans la province de Saada, fief de la rébellion, selon des témoins.

Les forces loyalistes, soutenues par la coalition sous commandement saoudien, ont affirmé dimanche avoir conforté leur emprise sur Aden.

La pause de cinq jours a commencé à minuit heure locale pour permettre l'acheminement d'aide humanitaire pour les civils durement éprouvés par quatre mois de conflit, a indiqué la coalition. La coalition a cependant prévenu qu'elle se réservait le droit de riposter à toute «activité ou mouvement militaire» des rebelles pendant la trêve.

Le cabinet du président yéménite en exil Abd Rabbo Mansour Hadi a mis en garde les rebelles contre «une violation de la trêve, dont ils assumeront l'entière responsabilité».

Un responsable rebelle, Mohamed Ali al-Houthi, «président du Haut comité de la Révolution», a affirmé que son groupe «n'avait pas été saisi par l'ONU de la trêve» pour pouvoir lui adresser une réponse «négative ou positive», dans des propos publiés par l'agence Saba contrôlée par les rebelles.

Une précédente trêve de cinq jours mi-mai n'avait pas empêché la reprise des combats, et une pause initiée par l'ONU à partir du 10 juillet ne s'est jamais matérialisée.

Selon l'ONU, les civils constituent plus de la moitié des 3700 morts en quatre mois de conflit.

Le président Hadi s'est entretenu dimanche à Ryad avec l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Ahmed Cheikh, de «l'acheminement de l'aide humanitaire dans le cadre de la trêve», a-t-on indiqué dans son entourage. La présidence a réaffirmé qu'un cessez-le-feu permanent au Yémen «dépend de l'application de la résolution 2216 du Conseil de sécurité», prévoyant le retrait des rebelles des villes conquises.

Les Houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme) et alliés à des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, se sont emparés depuis juillet 2014 de larges pans du Yémen dont la capitale Sanaa, en janvier dernier.

Ces rebelles soutenus par l'Iran ont ensuite pris pied à Aden, poussant M. Hadi à se réfugier à Ryad.

Depuis mi-juillet, les forces pro-Hadi ont reconquis progressivement Aden, favorisant l'arrivée des premières livraisons d'aide humanitaire dans la deuxième ville du pays.

Arrivée d'aide

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a fait parvenir le 21 juillet un premier navire humanitaire, suivi d'un deuxième chargé de 3400 tonnes de vivres qui a accosté samedi à Aden, selon l'une de ses porte-parole, Rim Nada.

Un bateau saoudien, chargé de 4000 tonnes de produits alimentaires, a également accosté dimanche à Aden, selon un correspondant de l'AFP.

Sur le terrain, les forces loyalistes ont repoussé dimanche les rebelles dans le nord d'Aden, et avancé dans la province voisine de Lahj, selon des sources militaires loyalistes.

Elles ont ainsi repris des secteurs en bordure du quartier de Dar Saad contrôlé par les pro-Hadi, ont indiqué des sources militaires loyalistes, faisant état de nombreux morts.

Le bilan des pertes civiles samedi à Aden et ses environs s'élève à 17 morts et 121 blessés, selon les services de santé.

Dans une autre opération, les pro-Hadi ont avancé vers Houta, le chef-lieu de Lahj, pour prendre en tenailles les Houthis dans la base d'Al-Anad, au nord d'Aden, a indiqué leur commandant, le général Fadhl Hassan.

Dans leur progression, les forces loyalistes ont repris aux insurgés Al-Waht et Sabr, deux localités de Lahj, a rapporté l'agence gouvernementale Saba.