Les avocats de la veuve de Yasser Arafat ont annoncé à l'AFP vendredi avoir demandé l'invalidation d'une expertise clé dans l'enquête sur la mort du leader palestinien, sur la base de laquelle le parquet de Nanterre (région parisienne) a requis mardi un non-lieu.

Leur «requête en nullité» porte «sur le complément d'expertise sur lequel s'appuient les juges pour déclarer que Yasser Arafat n'a pas été empoisonné», ont indiqué les deux avocats, Me Francis Szpiner et Renaud Semerdjian.

«En cours de procédure, des éléments nouveaux sont apparus dont on nous avait caché l'existence ou déclaré qu'ils avaient été détruits», dénoncent-ils, estimant qu'il s'agit d'«une violation des droits de la partie civile».

Le président de l'Autorité palestinienne est décédé le 11 novembre 2004 à 75 ans dans un hôpital militaire de la région parisienne, après une brusque détérioration de son état de santé. Les causes de son décès n'ont jamais été élucidées.

Trois juges de Nanterre (banlieue parisienne), ont été saisis d'une enquête depuis août 2012, après une plainte contre X déposée par la veuve de Yasser Arafat, Souha Arafat, à la suite de la découverte de polonium 210, substance radioactive hautement toxique, sur des effets personnels de son mari.

La tombe d'Arafat avait été ouverte en novembre 2012 et une soixantaine d'échantillons prélevés sur sa dépouille répartis pour analyse entre les trois équipes d'experts suisses, français et russes.

Les experts mandatés par les juges français ont à deux reprises écarté la thèse de l'empoisonnement, la dernière fois en mars, estimant que la présence d'un gaz radioactif naturel, le radon, dans l'environnement extérieur, expliquerait les fortes quantités de polonium enregistrées.

Des experts suisses sollicités par la veuve avaient au contraire jugé la thèse de l'empoisonnement «plus cohérente» avec leurs résultats.

Les avocats de Mme Arafat mettent désormais en cause des expertises complémentaires rendues en mars, pour lesquelles ont été réexploitées des données brutes issues de l'analyse en 2004 d'échantillons d'urine prélevés sur Yasser Arafat lors de son hospitalisation.

Ces données, selon eux, ne figurent pas au dossier d'instruction et sont apparues «mystérieusement», transmises directement à la justice sans que la veuve en soit avisée. Elles n'ont donc «pas d'existence procédurale», affirment-ils.

Me Szpiner et Semerdjian estiment que l'enquête ouverte en août 2012 a été menée dans la  «précipitation et l'urgence».

Les deux conseils avaient demandé fin mai une quinzaine d'actes supplémentaires, tous refusés. Ils réclamaient notamment une «nouvelle expertise par un collège international» et que soient entendus «un certain nombre de médecins» de l'hôpital militaire où est décédé Yasser Arafat.