Le Washington Post a déposé mercredi une demande auprès de l'ONU exigeant la libération de son correspondant Jason Rezaian détenu depuis un an en Iran, qui accuse notamment le journaliste irano-américain d'espionnage.

La demande, présentée au groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, «expose clairement le fait que la détention de Jason est arbitraire et illégale d'après les lois iranienne et internationale», a estimé le responsable juridique du journal américain, Jay Kennedy.

«Puisqu'il n'existe absolument aucune preuve que Jason a commis un délit, nous espérons que le groupe de travail conclura, comme nous, que le gouvernement iranien a arrêté et placé Jason en détention à cause de son travail de journaliste... et estimera que cette détention est totalement illégale», a-t-il poursuivi lors d'une conférence de presse organisée à Washington pour marquer le premier anniversaire de son arrestation à Téhéran, le 22 juillet 2014.

Le journal et les défenseurs des droits de l'homme présents à la conférence ont dit espérer que le groupe de travail renforcerait la pression sur Téhéran pour que le journaliste de 39 ans, dont la santé s'est détériorée selon sa famille, soit libéré.

Le frère du journaliste, Ali Rezaian, a affirmé à Washington que «depuis le premier jour de son arrestation, le gouvernement iranien a systématiquement enfreint les droits de Jason selon la constitution iranienne, la loi islamique et ses obligations internationales établies de longue date».

Jason Rezaian «a fait l'objet d'un simulacre de procès basé sur des accusations inventées d'espionnage et d'autres infractions présumées», a martelé le rédacteur en chef du Washington Post Martin Baron.

«Il apparaît clairement, et cela depuis le début, que Jason n'a rien fait de mal», a-t-il ajouté.

Correspondant du Washington Post en Iran depuis deux ans, Jason Rezaian a été arrêté avec son épouse, la journaliste iranienne Yeganeh Salehi, à leur domicile de Téhéran.

Une autre femme, une photographe de presse dont le nom n'a pas été divulgué, avait aussi été arrêtée ce jour-là.

Toutes deux ont été depuis libérées sous caution et la date de leur procès n'a pas été communiquée.

Depuis son arrestation, Jason Rezaian a comparu à huis clos trois fois - en mai, juin et juillet - devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, une cour spéciale qui juge les affaires politiques ou touchant à la sécurité nationale.

Il est notamment accusé d'«espionnage», «collecte d'informations confidentielles», «collaboration avec des gouvernements hostiles» et «propagande contre le régime».

Incarcéré à la prison d'Evine dans le nord de Téhéran, lui, ainsi que sa famille et ses proches, dément catégoriquement ces accusations.

À l'occasion de sa dernière comparution le 13 juillet, sa mère, Mary, qui n'a pas été autorisée à assister à l'audience, avait souhaité qu'il soit libéré sous caution.

Selon sa famille, sa santé s'est dégradée depuis son incarcération et il a besoin de médicaments contre l'hypertension artérielle.

L'incarcération de Jason Rezaian avait provoqué de nouvelles tensions entre l'Iran et les États-Unis, qui n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980.

Washington a appelé les autorités iraniennes à libérer le journaliste, mais Téhéran, qui ne reconnaît pas la double nationalité, affirme que le dossier est purement iranien et met en avant l'indépendance du système judiciaire iranien.

Le secrétaire d'État américain John Kerry a déclaré à la chaîne de télévision MSNBC avoir quotidiennement évoqué le cas du journaliste pendant les négociations nucléaires avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.

Ces négociations entre l'Iran et les grandes puissances ont abouti à la conclusion d'un accord à Vienne le 14 juillet, au lendemain de la dernière comparution à Téhéran de Jason Rezaian.