Au moins 19 personnes ont été tuées mercredi dans un attentat-suicide sur un marché du Nord afghan, selon les autorités locales, alors que les rebelles talibans intensifient leurs attaques malgré de récents contacts en vue de discussions de paix.

L'attentat, qui a eu lieu dans le district d'Almar de la province de Faryab, près de la frontière avec le Turkménistan, souligne le prix très élevé que continuent de payer les civils dans cette guerre qui dure depuis plus de 13 ans.

L'attaque n'a pas été revendiquée, mais son mode opératoire correspond à l'un de ceux habituellement employés par les talibans.

Un kamikaze s'est fait exploser sur le marché principal du district, tuant 19 personnes, selon Subhan Quli Ebrahimi, le chef de la police de la province de Faryab. Ce bilan a été confirmé par la mission de l'ONU en Afghanistan, dont le chef Nicholas Haysom a condamné une attaque «effroyable».

Parmi les personnes tuées se trouvent «des femmes, des enfants et au moins un soldat afghan», a expliqué à l'AFP Abdul Sattar Barez, le gouverneur de la province.

«Nous avions reçu des informations indiquant qu'un kamikaze était entré dans le marché d'Almar, et envoyé des forces de police pour le chercher. Nous étions en train de le faire lorsqu'il s'est fait exploser», a déclaré de son côté Saïf, le chef de l'antenne de la police locale qui, comme beaucoup d'Afghans, n'a pas de nom de famille.

Cet attentat survient alors que les talibans ont intensifié leurs attaques contre les forces afghanes et leurs alliés de l'OTAN à travers le pays ces derniers mois, après la fin de la mission de combat des troupes de l'OTAN dans le pays en décembre dernier.

Les insurgés mènent de plus en plus d'opérations hors de leurs bastions traditionnels du sud et de l'est, notamment à Kaboul et dans les provinces autrefois très calmes du nord.

Ils assurent tout mettre en oeuvre pour protéger les civils au cours de leurs opérations, mais ces derniers payent le prix fort de ce conflit. Selon l'ONU, près de 1000 civils afghans ont péri dans des violences sur les seuls quatre premiers mois de cette année.

Les civils, premières victimes

L'intensité des combats n'a pas empêché, pour la première fois depuis la chute du régime des talibans en 2001, une prise de contact officielle en vue de pourparlers de paix entre responsables du gouvernement de Kaboul et une délégation des talibans.

La rencontre a eu lieu à Murree, au Pakistan voisin, facilitée par Islamabad et supervisée par les États-Unis et la Chine.

Les deux camps ont prévu de se rencontrer à nouveau ces prochaines semaines, nourrissant l'espoir d'une prochaine fin du conflit, notamment chez les Américains et leurs alliés occidentaux, qui ont dépensé depuis 2001 des centaines de milliards de dollars pour occuper militairement le pays sans arriver à le stabiliser.

Depuis la fin de la mission de combat de l'OTAN en décembre dernier, 12 500 soldats étrangers sont déployés en Afghanistan dans le cadre d'une nouvelle mission baptisée «Soutien résolu», chargée de former et de conseiller les forces afghanes.

Ces dernières sont depuis décembre seules face aux talibans sur le terrain, même si elles peuvent parfois compter sur le soutien aérien occidental en cas de besoin.

Mais cette coopération ne va pas sans heurts: lundi, l'aviation américaine a tué par erreur 10 soldats afghans lors d'un bombardement dans le Logar, une province située juste au sud de Kaboul et où les talibans sont très implantés.

Ces tirs fratricides contribuent à attiser la rancoeur des populations locales. En décembre dernier, cinq civils avaient ainsi été tués «par erreur» dans un raid aérien des forces de l'Alliance atlantique dans cette même province de Logar.