Les forces progouvernementales yéménites tentaient dimanche de sécuriser Aden dont certains quartiers sont toujours tenus par les rebelles chiites Houthis trois jours après l'annonce de la «libération» de la cité portuaire par le gouvernement en exil.

Des membres de ce gouvernement, arrivés vendredi soir à Aden, ont inspecté dans la matinée des secteurs de la grande ville méridionale où les combattants anti-Houthis ont progressé dans la nuit vers le siège de la présidence, selon des sources militaires.

La délégation gouvernementale, incluant les ministres de l'Intérieur et des Transports, a tenu samedi une première réunion avec les autorités locales pour examiner «les moyens de sécuriser» la ville, selon l'agence gouvernementale Saba.

La remise en état de l'aéroport et du port pour y acheminer de l'aide humanitaire et le rétablissement du courant électrique et des réseaux de distribution d'eau potable ont été au centre de la réunion, selon l'agence.

Le retour de membres du gouvernement en exil suscite l'espoir d'une normalisation. Des centaines de familles, déplacées par la guerre ont ainsi pu regagner leurs quartiers pour se rendre compte des dégâts provoqués par les violents combats, y compris dans leurs propres maisons, selon des habitants.

Certains ne cachent pas leur déception: «Rien n'a changé, il n'y a ni vivres, ni hôpitaux, ni électricité, ni eau. Sans les deux puits du quartier, les gens seraient morts de soif», a déploré Moatez al-Maysouri, un habitant du quartier Crater.

Mais trois jours après l'annonce de sa «libération», Aden reste le théâtre de féroces combats entre les forces progouvernementales et les rebelles chiites encore présents dans certains quartiers.

«La Résistance populaire a réussi à pénétrer dans (le quartier de) Tawahi et à avancer vers le palais de la République et le QG de la 4e division militaire», a déclaré à l'AFP une source militaire, en référence aux combattants favorables au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi.

Les combattants au sol bénéficient de l'appui aérien de la coalition arabe, qui a mené depuis samedi soir une quinzaine de raids contre des positions rebelles à Tawahi ainsi que dans les banlieues nord et est d'Aden, a indiqué une autre source militaire.

Les Houthis critiquent l'ONU

Les avions de la coalition conduite par l'Arabie Saoudite ont touché un dépôt de munitions de la rébellion, provoquant pendant deux heures de fortes explosions à Al-Ribat, à l'entrée nord la ville, où les rebelles ont renforcé leur présence au cours des deux derniers jours, ont rapporté des témoins.

Dans la nuit, 9 rebelles ont été tués dans un raid aérien à Khor Maksar, dans le centre d'Aden, alors que des combats opposaient les forces progouvernementales aux Houthis et leurs alliés autour de Dar Saad et à Crater, deux autres quartiers d'Aden, selon des sources militaires et des habitants.

Un incendie qui s'était déclaré jeudi dans la raffinerie de pétrole d'Aden, a été maîtrisé samedi après que le feu a consumé le contenu d'un réservoir qui était à 70% rempli de brut, a indiqué un porte-parole de la raffinerie, Nasser al-Chaëf. Un deuxième réservoir, qui était menacé par le feu, a été vidé à temps avec l'aide de la défense civile, a-t-il ajouté.

Une trêve humanitaire, annoncée par l'ONU pour le 10 juillet, n'a jamais pu se concrétiser avec la poursuite du conflit armé, qui a fait plus de 3200 morts, dont la moitié de civils selon l'organisation internationale.

Le porte-parole des Houthis, Mohamed Abdessalam, a estimé dans un communiqué que l'ONU était «consciemment ou inconsciemment» responsable de la poursuite du conflit pour n'avoir pas imposé le respect de la trêve.

Les Houthis, aidés d'unités de l'armée fidèle à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, avaient lancé en juillet 2014 une offensive d'envergure qui leur a permis de prendre de vastes régions, dont la capitale Sanaa, et la cité portuaire d' Aden, poussant fin mars à l'exil le président Hadi en Arabie saoudite.