Un tribunal irakien a condamné mercredi à la peine de mort par pendaison 24 personnes pour le massacre il y a un an par des djihadistes et leurs alliés de centaines de recrues, en majorité chiites, à Tikrit, au nord de Bagdad.

La cour criminelle centrale a prononcé la peine de mort pour 24 des 28 accusés pour «le massacre de Speicher», du nom de la base militaire où les victimes avaient été enlevées en juin 2014 avant d'être exécutées.

«Après délibérations, le tribunal a jugé que les preuves récoltées étaient suffisantes pour condamner les 24 accusés», a dit le juge. «La cour a décidé qu'ils seraient exécutés par pendaison», a-t-il ajouté.

Les 24 hommes, qui ont la possibilité de faire appel, ont nié toute implication dans le massacre, commis aux premiers jours de l'offensive fulgurante de l'EI en Irak qui leur a notamment permis de prendre Tikrit mais aussi Mossoul, la deuxième ville du pays.

Les accusés ont été conduits dans la salle d'audience les yeux bandés, menottes aux mains et chaînes aux pieds et les débats ont été conduits de façon expéditive.

Des proches des victimes ont été entendus par le tribunal, demandant à ce que les auteurs du massacre soient punis.

Un avocat de la défense, nommé par la cour, est intervenu rapidement pour réclamer la clémence mais n'est pas parvenu à démonter les preuves de l'accusation, consistant essentiellement en des «aveux» des accusés qui ont affirmé qu'ils avaient été obtenus sous la torture.

Le juge a montré à l'un des accusés une photo floue tirée d'une vidéo du massacre. «Est-ce vous ?», a-t-il demandé. L'accusé a répondu par la négative, comme plusieurs autres lorsque le juge leur a présenté un document comprenant leurs «aveux» et leur a demandé de les authentifier.

Certains ont juré qu'ils ne se trouvaient même pas près de Tikrit au moment des faits.

«La rapidité de ce procès suscite de nombreux doutes», a déclaré à l'AFP Cristoph Wilcke, de l'ONG Human Rights Watch. L'examen d'un tel massacre nécessite des procédures «détaillées, transparentes et justes». «Il est clair que ce procès n'a pas respecté ces standards», a-t-il ajouté.

Le 11 juin 2014, des hommes armés appartenant ou liés à l'EI avaient enlevé des centaines de recrues rassemblées à Speicher, situé à la limite nord de Tikrit. Ils les avaient ensuite exécutés un par un, selon des images de propagande diffusées par l'EI qui avaient provoqué l'effroi et la colère au sein de la communauté chiite.

Certains corps avaient été jetés dans le fleuve Tigre, qui traverse Tikrit, tandis que la plupart étaient enterrés dans des fosses communes aux alentours.

Le 10 juin dernier, les autorités avaient annoncé avoir exhumé quelque 600 corps dans les fosses communes autour de Tikrit, ville qui avait été reprise aux djihadistes par les forces gouvernementales et des milices chiites à la fin mars.

Selon les estimations, le «massacre de Speicher» aurait fait jusqu'à 1.700 morts, ce qui en fait l'un des actes les plus atroces commis par l'EI, un groupe accusé de crimes contre l'humanité dans les régions sous son contrôle en Irak et en Syrie.

L'Irak a exécuté au moins 61 personnes en 2014. Seuls l'Iran, la Chine et l'Arabie saoudite ont exécutés plus de personnes l'an dernier, selon Amnesty International.