Le chef d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), Nasser al-Wahishi, a été tué dans une attaque de drone américain, portant l'un des coups les plus sévères à cette organisation depuis la mort d'Oussama ben Laden.

AQPA a annoncé, dans un enregistrement vidéo mis en ligne mardi, la mort de son chef et la désignation du chef militaire du groupe Qassem al-Rimi comme son successeur.

La Maison-Blanche a jugé que sa mort portait «un coup sévère à Aqpa, la branche la plus dangereuse d'Al-Qaïda, et plus largement à Al-Qaïda». Sa mort «retire du champ de bataille un leader terroriste expérimenté et nous rapproche de l'objectif visant à affaiblir et à terme vaincre ces groupes», était-il écrit dans un communiqué.

Né de la fusion des branches yéménite et saoudienne d'Al-Qaïda, AQPA a revendiqué plusieurs attaques à l'étranger, dont celle qui a décimé en janvier la rédaction du journal français Charlie Hebdo, et une tentative d'attentat contre un avion de ligne américain à Detroit le jour de Noël en 2009.

Le Yéménite Nasser al-Wahishi, âgé d'environ 37 ans, a été «tué dans une attaque de drone américain qui l'a visé, ainsi que deux autres moudjahidin», a indiqué un membre du réseau dans la vidéo postée par Al-Malahem, le service de propagande du groupe djihadiste.

Wahishi est considéré comme le numéro deux d'Al-Qaïda au niveau mondial, et sa mort est une perte très importante pour Al-Qaïda au Yémen, car c'est lui qui avait contribué grandement en 2007-2008 à restructurer le groupe extrémiste sunnite et à le propulser de nouveau sur le devant de la scène.

Plusieurs dirigeants d'AQPA ont été tués dans des attaques de drones américains ces dernières années au Yémen, pays en proie depuis mars à une guerre sanglante entre rebelles chiites et forces gouvernementales.

«Poursuivre le djihad»

Les attaques au drone, dont seuls les États-Unis disposent dans la région, se sont poursuivies en dépit du conflit et de l'intervention militaire saoudienne contre les rebelles yéménites.

Le 8 mai dernier, un des dirigeants d'AQPA, Nasser al-Ansi, qui avait revendiqué, au nom du réseau, l'attaque contre Charlie Hebdo, avait été tué dans une attaque américaine similaire.

Avant d'être confirmée, la mort de Nasser al-Wahishi,  avait été évoquée lundi soir par plusieurs médias américains et responsables locaux yéménites.

Selon la chaîne américaine CNN, qui faisait référence à deux responsables de la sécurité nationale au Yémen sans les citer, Nasser al-Wahishi a été tué le 12 juin dans la région du Hadramout, à l'est d'Aden (sud).

Mais un responsable yéménite local a déclaré à l'AFP qu'il avait probablement été tué trois jours plus tôt dans un raid à Moukalla, région tenue par Al-Qaïda dans le sud-est du Yémen, et que son corps se trouverait dans une morgue locale entourée de strictes mesures de sécurité.

Wahishi, qui avait été secrétaire particulier de ben Laden à la fin des années 1990 en Afghanistan, avait été désigné en 2013 comme adjoint d'Ayman al-Zawahiri, le successeur de ben Laden tué par un commando américain en 2011 au Pakistan.

AQPA a tenté de minimiser la perte de son chef dans la vidéo annonçant sa mort en affirmant que «sa disparition allait raffermir la détermination (du groupe) à poursuivre le djihad».

Un successeur désigné

Sa disparition intervient au moment où AQPA, viscéralement opposé aux chiites qu'il considère comme des «hérétiques», affirme être le fer de lance du combat contre l'expansion des rebelles Houthis au Yémen.

Le responsable d'AQPA qui a donné lecture de l'annonce de la mort a évoqué «onze fronts» ouverts contre les Houthis dans le pays.

Il a aussi parlé de «conditions de sécurité difficiles» qui n'ont pas permis de réunir l'ensemble des dirigeants d'AQPA pour nommer un successeur à Wahishi. La réunion a néanmoins pu se tenir, permettant de désigner Qassem al-Rimi nouveau chef.

AQPA avait profité de l'affaiblissement du pouvoir central au Yémen en 2011, à la faveur de l'insurrection populaire contre l'ex-président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer sa présence dans le pays. Il tente aujourd'hui de profiter de la guerre dans le pays en s'emparant de nouvelles régions.

Des pourparlers indirects sous l'égide de l'ONU sont en cours à Genève entre rebelles et gouvernement pour tenter de trouver les moyens de mettre fin au conflit.

AQPA, qui considérait jusqu'à récemment le Yémen comme sa chasse gardée, doit en outre faire face à l'émergence d'un redoutable concurrent, le groupe armé État islamique, qui a revendiqué en mars ses premiers attentats-suicides au Yémen (142 morts à Sanaa).