Le conflit au Yémen a connu samedi une nouvelle escalade, avec une attaque d'envergure des rebelles chiites contre l'Arabie saoudite, à l'approche de pourparlers de paix prévus selon l'ONU à partir du 14 juin à Genève.

Les rebelles chiites Houthis, soutenus par des militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ont tiré samedi avant l'aube un missile Scud vers le sud de l'Arabie saoudite, en réaction à une intensification des raids de la coalition menée par Riyad. Cette dernière a indiqué avoir intercepté le missile.

La zone avait déjà été la cible d'une attaque rebelle sur plusieurs fronts vendredi, une offensive qui selon des médias saoudiens est la première de cette ampleur depuis le début le 26 mars de la campagne aérienne de la coalition contre la rébellion au Yémen.

Les combats ayant suivi cette offensive ont fait vendredi quatre morts parmi les militaires saoudiens dans les provinces de Najrane et Jazane, frontalières du Yémen, a indiqué le commandement saoudien de la coalition, dans un communiqué faisant également état de dizaines de morts côté yéménite.

En représailles, les avions de la coalition ont bombardé dans la nuit et la journée de samedi plusieurs sites militaires et positions tenues par les Houthis dans le nord du Yémen, dont la capitale Sanaa, mais aussi dans le sud.

Raids et combats

Les raids de la coalition ont visé vendredi soir des dépôts d'armes et de munitions à Sanaa, ainsi que le QG des Forces spéciales.

La coalition est intervenue dans le nord, notamment à Saada, fief des Houthis, mais aussi dans des provinces du sud, dont Lahej, où elle a bombardé la base aérienne d'Al-Anad, la plus grande du pays, contrôlée par les rebelles.

À Taëz (sud-ouest), sept civils ont été tués vendredi par des tirs des rebelles chiites alors que 12 rebelles et 3 combattants progouvernementaux sont morts dans des combats à Dhaleh, plus à l'est, selon des sources militaire et médicale. En outre, des combats nocturnes à Aden (sud) ont fait 7 morts, dont quatre civils, selon un responsable de la santé.

Samedi, les rebelles ont tiré à 02H45 (23H45 GMT vendredi) un missile Scud en direction de la ville saoudienne de Khamis Mushait (sud-ouest), a annoncé la coalition, précisant que les forces armées saoudiennes avaient «intercepté (le Scud) avec deux missiles Patriot». «L'aviation de la coalition a aussitôt détruit le site de lancement des missiles, repéré au sud de Saada», a-t-elle ajouté dans son communiqué.

Les Houthis ont affirmé que le Scud visait «la base aérienne Prince Khaled à Khamis Mushait», ajoutant que «plusieurs soldats saoudiens avaient été tués» dans une attaque contre leur poste-frontière.

Pourparlers à partir du 14 juin

«Chaque partie cherche à gagner du terrain avant l'amorce du dialogue», estimait samedi le quotidien panarabe Al-Hayat.

La rébellion a accepté vendredi de participer, avec le gouvernement yéménite en exil à Riyad, à des pourparlers à Genève, initiés par l'ONU pour tenter de mettre fin au conflit.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a confirmé samedi que les pourparlers auraient lieu à partir du 14 juin à Genève (Suisse). Il a réitéré son «appel urgent à toutes les parties au Yémen à engager des consultations de bonne foi et sans conditions préalables», selon un communiqué de l'ONU.

M. Ban «se félicite du fait que le président Abd Rabo Mansour Hadi (...) envoie une délégation pour participer aux consultations conduites par les Nations unies à Genève, à partir du 14 juin», indique le communiqué. «Il est également heureux que les parties yéménites à Sanaa aient fait part de leur volonté de participer à ces consultations».

Des diplomates avaient déjà évoqué cette date du 14 juin pour le début des pourparlers de paix.

Espérant «que les réunions à Genève permettront de faire repartir un processus de transition pacifique», M. Ban a «renouvelé son appel à une pause humanitaire pour permettre à l'aide humanitaire d'être convoyée jusqu'aux Yéménites qui en ont besoin».

Le conflit a fait près de 2000 morts et poussé plus de 545 000 personnes à quitter leur foyer, selon l'ONU.