L'Iran a rejeté jeudi les accusations américaines sur un manque de transparence dans le procès pour espionnage du correspondant à Téhéran du Washington Post, Jason Rezaian, soulignant l'indépendance de la justice iranienne.

Les États-Unis ont dénoncé un «manque total de transparence» depuis l'arrestation, le 22 juillet 2014, du journaliste irano-américain dont le procès s'est ouvert mardi à huis clos.

M. Rezaian, âgé de 39 ans, doit répondre des charges de «collecte d'informations confidentielles», de «collaboration avec des gouvernements hostiles» et de «propagande contre le régime».

«Dans n'importe quel pays, les questions juridiques, les processus de jugement et d'enquête ont leurs propres procédures», a déclaré la porte-parole de la diplomatie iranienne, Marzieh Afkham, sur le site du ministère (www.mfa.ir).

Il revient au juge de décider de la manière dont le procès et l'examen des preuves sont menés et «il n'y a pas de place pour des jugements prématurés et des spéculations dans le domaine judiciaire», a-t-elle ajouté.

L'exécutif américain, engagé dans d'intenses négociations avec Téhéran sur son programme nucléaire, assure qu'il soulève systématiquement, en marge de ces discussions, la question des citoyens américains détenus ou portés disparus en Iran.

Mais Téhéran, qui ne reconnaît pas la double nationalité, affirme que le dossier est purement iranien.

Jason Rezaian travaillait pour le quotidien américain depuis 2012. Il a été arrêté en même temps que son épouse, Yeganeh Salehi, et une photographe de presse, dont le nom n'a pas été divulgué.

Les deux femmes ont été libérées sous caution, mais le journaliste, qui a souffert d'ennuis de santé depuis son arrestation, est resté détenu à la prison d'Evine, dans le nord de la capitale.

Mardi, lors de la première audience du procès, le juge a signifié au journaliste les charges qui pèsent contre lui.

Selon l'agence Mehr, il a été interrogé sur ses liens avec une journaliste arméno-américaine, Lara Setrakian. Selon l'accusation, la journaliste lui aurait demandé au printemps 2013, au nom du président américain Barack Obama, de lui fournir des informations sur la personnalité des candidats à l'élection présidentielle de juin et un résumé de la situation politique, économique et sociale de l'Iran.

Sur son compte Twitter, Mme Setrakian a affirmé que ses relations avec le correspondant du Post étaient uniquement journalistiques.

Le journaliste est également accusé par l'Iran d'avoir écrit une lettre à M. Obama, accusation rejetée par le rédacteur-en-chef du Washington Post Martin Baron.

Dans un communiqué, M. Baron a indiqué jeudi que le journaliste, qui était alors pigiste, avait rempli en ligne en 2008 une offre d'emploi dans la future administration Obama, en précisant avoir des connaissances sur l'Iran.

Le journaliste avait alors reçu une lettre standard non signée et n'avait jamais été embauché. «Jason n'a jamais écrit directement au président Obama et n'a jamais été embauché par l'administration Obama», a souligné M. Baron.

M. Rezaian a continué à travailler en indépendant avant de faire partie de la rédaction du Post en 2012 en tant que correspondant à Téhéran.