L'ancien président américain Jimmy Carter a appelé samedi les Palestiniens à organiser des élections pour mettre fin à la division de fait entre la Cisjordanie occupée, où siège l'Autorité du président Mahmoud Abbas, et la bande de Gaza, tenue par le Hamas islamiste.

À l'issue d'une visite dans les Territoires palestiniens et en Israël, M. Carter et Gro Harlem Brundtland, ex-premier ministre norvégienne, ont en outre dénoncé la politique de Benjamin Netanyahu, le premier ministre sortant qui pourrait dévoiler dans les jours à venir la composition du futur gouvernement d'Israël, que les commentateurs annoncent encore plus à droite que le précédent.

«Le premier ministre Netanyahu a été clair durant sa campagne: il ne veut pas d'une solution à deux États» israélien et palestinien, une solution pourtant prônée «par l'ONU et toutes les nations», a accusé M. Carter lors d'une conférence de presse à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël.

Mme Gro Harlem Brundtland et M. Carter ont rencontré M. Abbas à Ramallah, en Cisjordanie occupée, ainsi que des acteurs de la société civile israélienne, mais aucun dirigeant de l'Etat hébreu.

Lors des précédentes visites, le président, Shimon Peres à l'époque, avait rencontré les délégations des «Elders» (anciens) --des personnalités oeuvrant au règlement des conflits comme Kofi Annan ou Desmond Tutu. Cette fois, «le président Reuven Rivlin a décidé de ne pas nous recevoir pour des considérations politiques», a affirmé M. Carter. Les dirigeants israéliens «ne veulent pas entendre des avis qu'ils ne partagent pas», a renchéri Mme Harlem Brundtland.

Depuis Ramallah, M. Carter a dit espérer «voir bientôt des élections dans les Territoires palestiniens, à Jérusalem-Est, à Gaza et en Cisjordanie», alors qu'aucun scrutin n'a été organisé dans les Territoires occupés depuis près d'une décennie.

Le mandat de M. Abbas a expiré en 2009 mais se poursuit faute d'élections tandis que le Parlement ne s'est pas réuni depuis 2007. En 2006, un an après l'élection de M. Abbas, le Hamas a remporté les législatives. Fatah et Hamas se sont ensuite livrés une quasi-guerre civile qui a mené à la division.

Aujourd'hui, un an après un accord de réconciliation entre les deux rivaux, le Hamas rechigne à remettre le pouvoir à Gaza au gouvernement d'indépendants qu'ils ont formé ensemble.

Les deux membres des «Elders», qui avaient prévu de se rendre à Gaza mais ont annulé la visite «pour des raisons de sécurité» sur lesquelles M. Carter a refusé de s'étendre ont plaidé pour «une mise en oeuvre concrète de cet accord».

Mme Harlem Brundtland a toutefois assuré qu'ils avaient «pu discuter avec des gens qui connaissent les problèmes dans la bande de Gaza», notamment la question de la reconstruction de l'enclave palestinienne qui n'a toujours pas été entamée huit mois après la fin de la guerre de l'été avec Israël, la troisième en six ans.

«Sans un changement complet de paradigme (...) un nouveau conflit est inévitable», a-t-elle encore estimé.