Washington a rapproché un porte-avions du Yémen et surveille un convoi de navires iraniens soupçonnés de se diriger vers ce pays frontalier de l'Arabie saoudite, qui a mobilisé mardi des forces supplémentaires pour ses opérations contre les rebelles chiites yéménites.

Le déploiement maritime des États-Unis ne signifie pas nécessairement une intervention américaine directe, telle une interception ou une inspection des navires iraniens, selon des responsables américains.

L'Arabie saoudite, chef de file de la coalition arabe qui mène depuis le 26 mars des frappes aériennes au Yémen, a annoncé mardi avoir mobilisé sa Garde nationale, pour les besoins de l'opération «Tempête décisive».

Il s'agit d'une armée parallèle qui ne dépend pas du ministère de la Défense et qui est considérée comme la garde prétorienne de la dynastie des Al-Saoud.

Forte de 75 000 hommes d'active et de 25 000 fournis par les tribus, la Garde nationale joue un rôle aussi bien dans la sécurité intérieure que dans la défense conventionnelle. Elle est composée principalement de forces terrestres.

Les frappes de la coalition se sont poursuivies mardi pour la 27e journée consécutive, les plus violentes visant les alentours de la ville de Dhaleh (sud). Selon le secrétaire général de la province éponyme, Ahmed Mouthanna, les raids ainsi que les combats entre rebelles et forces favorables au président Abd Rabbo Mansour Hadi - en exil en Arabie saoudite - ont fait 23 morts.

À Ibb (centre), plusieurs civils ont été tués ou blessés par un raid aérien sur des positions de la DCA installées par des rebelles près d'habitations, selon des résidants. Et dans la province de Chabwa (sud), les raids aériens et les affrontements ont tué 29 combattants des deux camps, selon des sources tribales.

La santé en péril

Dans la capitale Sanaa, les explosions spectaculaires provoquées lundi par deux raids de la coalition contre un dépôt de missiles - où étaient également entreposées des armes et des munitions - contrôlé par les rebelles ont fait 38 morts parmi les civils, selon un nouveau bilan établi mardi auprès de quatre hôpitaux qui font en outre état de 532 blessés.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état mardi d'un bilan de 944 morts et 3487 blessés - civils et militaires - au Yémen entre le 19 mars et le 17 avril.

L'OMS a également mis en garde contre un effondrement imminent des systèmes de santé et de soins: ces systèmes «font face à des pénuries de plus en plus grandes de médicaments qui sauvent des vies, à des interruptions fréquentes des générateurs» et au manque d'électricité.

De son côté, l'Organisation internationale des migrations (OIM) a annoncé mardi qu'elle suspendait temporairement l'évacuation des étrangers du Yémen en raison de l'insécurité.

L'OIM a précisé avoir aidé, depuis le 12 avril, plus de 400 étrangers à quitter le pays, mais qu'il en reste des milliers. «16 000 ont pris contact avec nous et 5000 la semaine dernière, que nous considérons comme prêts à partir», a indiqué un porte-parole.

Voies maritimes ouvertes

Les États-Unis ont rapproché leur porte-avions Roosevelt du Yémen et «surveillent» un convoi de bateaux iraniens, qui pourrait se diriger vers le pays. Le convoi, considéré comme suspect, compte «neuf navires, dont deux patrouilleurs» de type militaire, a indiqué à l'AFP un haut responsable américain de la Défense.

Plusieurs sources américaines ont laissé entendre qu'en cas de nécessité, cela relèverait plutôt des pays de la région, au premier rang desquels figurent l'Arabie saoudite et l'Égypte, piliers de la coalition arabe intervenant au Yémen.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 14 avril une résolution imposant un embargo sur les armes contre les rebelles qui contrôlent de larges pans du Yémen, et les sommant de rendre le pouvoir qu'ils ont saisi à Sanaa en janvier.

Au total, neuf navires militaires américains se trouvent désormais à proximité du Yémen «pour s'assurer que les voies maritimes cruciales» de la région «restent ouvertes et sûres», selon la Marine américaine.

Les États-Unis ne participent pas aux frappes au Yémen, mais apportent un soutien de renseignement et logistique à la coalition.

L'Iran, qui a dénoncé à plusieurs reprises l'opération conduite par l'Arabie saoudite au Yémen, ne cache pas son soutien aux rebelles Houthis, issus de la minorité zaïdite chiite. Mais Téhéran nie toute livraison d'armes à ces rebelles qui tentent de contrôler l'ensemble du pays.