L'ONU a exhorté mardi la communauté internationale à accroître fortement son aide humanitaire aux Syriens car, après quatre ans de guerre, «quatre sur cinq» d'entre eux «vivent dans la pauvreté et la misère».

C'est «la crise humanitaire la plus grave de notre temps», a rappelé Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, en ouvrant la troisième conférence des donateurs sur la Syrie à Koweït.

L'ONU a fixé à 8,4 milliards de dollars en un an l'aide financière nécessaire pour venir en aide aux plus de 10 millions de réfugiés ou déplacés, soit près de la moitié des quelque 23 millions d'habitants que compte la Syrie, un record mondial inégalé depuis 20 ans selon l'ONU.

Le conflit syrien, qui entame sa cinquième année, a également fait plus de 215 000 morts depuis mars 2011.

Les pays ont commencé à répondre à l'appel de l'ONU en annonçant des promesses de dons.

L'Union européenne prévoit ainsi de doubler son aide à 1,1 milliard d'euros cette année. «Les besoins sont immenses» et «un effort exceptionnel est nécessaire», a commenté le commissaire à l'Aide humanitaire, Christos Stylianides.

Le Koweït, hôte de la conférence qui rassemble 78 pays, a annoncé 500 millions de dollars de dons.

Il s'agit de «répondre à la plus grande catastrophe humanitaire de l'histoire moderne», a déclaré son émir, Sabah al-Ahmad Al-Sabah, en appelant le Conseil de sécurité de l'ONU à «mettre les divergences de côté pour trouver un règlement politique à ce conflit dévastateur».

M. Ban Ki-moon s'est montré aussi particulièrement alarmiste en avertissant que la situation «s'aggravait chaque jour - pour le peuple de Syrie et de la région tout entière».

«Quatre Syriens sur cinq vivent dans la pauvreté, la misère et les privations. Le pays a perdu près de quatre décennies de développement humain», a-t-il indiqué. «Près de la moitié des hommes, femmes et enfants de ce pays ont été contraints de fuir leurs foyers».

À l'intérieur du pays, près de 10 millions de personnes n'ont pas assez de nourriture et plus de 11 millions ont besoin d'eau potable, selon de récents rapports.

Promesses non tenues 

Les agences de l'ONU disent qu'elles risquent de réduire, voire d'interrompre, l'aide fournie aux 7,6 millions de déplacés et aux 3,9 millions de réfugiés syriens établis pour la plupart dans les pays voisins, si les sommes requises n'étaient pas rassemblées.

Le bureau des Affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) a évalué à 5,5 milliards $US les besoins nécessaires pour les réfugiés et à 2,9 milliards $US pour les déplacés.

Selon l'Ocha, le nombre de Syriens établis dans des zones «difficiles à atteindre» pour les ONG et agences onusiennes, a doublé en un an et concerne désormais 4,8 millions de personnes.

Avec 2,6 millions d'enfants syriens déscolarisés, une génération entière est menacée par la guerre, a averti par ailleurs l'Unicef.

En 2013 et 2014, les deux premières conférences sur la Syrie avaient rassemblé des promesses de dons de 1,5 milliard $US et 2,4 milliards $US, dont plusieurs n'ont pas été honorées, déplore l'ONU.

Lundi, une quarantaine d'ONG réunies à Koweït ont rassemblé 506 millions de dollars de promesses des dons. L'ONG islamique turque IHH est celle qui a réuni la somme la plus importante, avec 100 millions de dollars.

Les pays riches ont «une chance de renverser la situation, mais ils doivent aller plus loin que l'année dernière. S'ils échouent, cela aura des conséquences dévastatrices pour des millions de civils», a averti l'ONG Oxfam, estimant que seulement 9,8% des dons réclamés par l'ONU ont déjà été promis.

Oxfam a notamment critiqué la participation des pays européens, dont seul 10% ont promis des sommes «équitables» par rapport au poids de leur économie.