L'Arabie saoudite a lancé une opération militaire au Yémen impliquant «plus de 10 pays» pour défendre le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, contesté dans son pays par les rebelles chiites houthis, a annoncé mercredi soir l'ambassadeur du royaume sunnite à Washington.

«L'opération vise à défendre le gouvernement légitime du Yémen et à empêcher le mouvement radical houthi (soutenu par l'Iran, ndlr) de prendre le contrôle du pays», a expliqué l'ambassadeur saoudien Adel al-Jubeir lors d'une conférence de presse.

Les opérations se limitent pour le moment à des frappes aériennes sur différentes cibles au Yémen, mais d'autres forces militaires sont mobilisées et la coalition «fera tout ce qu'il faudra», a-t-il ajouté.

«Nous avons une coalition de plus de 10 pays qui participent ou vont participer à ces opérations», a affirmé l'ambassadeur, sans nommer de pays.

L'ambassadeur a seulement indiqué avoir «consulté étroitement beaucoup de (ses) alliés et notamment les États-Unis». «Nous sommes très satisfaits du résultat de ces discussions», a-t-il noté.

«Vous avez une milice qui contrôle ou pourrait contrôler des missiles balistiques, des armes lourdes et une force aérienne. Je ne me rappelle d'aucune autre situation dans l'histoire où une milice dispose d'une force aérienne. (...) C'est donc une situation très dangeureuse», a fait valoir l'ambassadeur, soulignant que l'avancée des Houthis ne pouvait être tolérée.

«Nous avons essayé de trouver une médiation» au Yémen, mais «chaque tentative initiée par le Yémen a été contrariée par les Houthis qui ont rejeté chaque accord», a-t-il encore expliqué.

Appel à l'aide

De leur côté, cinq États du Golfe ont annoncé depuis Ryad leur décision de répondre à un appel à l'aide lancé par le président yéménite, confronté à une rébellion chiite dont les combattants venus du nord contrôlent la capitale Sanaa et sont désormais proches d'Aden, la grande ville du sud, où le président s'était réfugié.

L'Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Bahreïn et les Émirats arabes unis - soit tous les pays du Conseil de coopération du Golfe sauf Oman - ont écrit dans un communiqué avoir «décidé de répondre à l'appel du président Hadi de protéger le Yémen et son peuple face à l'agression de la milice houthi».

L'ambassadeur saoudien a précisé disposer «de moyens aériens d'un certain nombre de pays» et «des moyens militaires sont en route vers le royaume pour participer à ces opérations».

«L'usage de la force est toujours un dernier ressort et c'est avec une grande réticence que nous avons pris cette décision avec nos partenaires du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Oman, Koweït, Bahreïn, Émirats arabes unis et Qatar, ndlr) et d'autres pays extérieurs» à ce Conseil, a-t-il dit.

M. Hadi s'était réfugié à Aden après la prise de Sanaa début février par les rebelles, soupçonnés de liens avec l'Iran chiite et l'ex-président Ali Abdallah Saleh, poussé en 2012 au départ après 33 ans au pouvoir.

Le chef de la diplomatie du Yémen, Ryad Yassine, a estimé mercredi que «la chute d'Aden aux mains des Houthis marquerait le début d'une profonde guerre civile».

Dès mardi et après avoir maintes fois dénoncé un «coup d'État» des Houthis, M. Hadi a exhorté l'ONU à adopter une «résolution contraignante» pour stopper l'avancée rebelle et a confirmé avoir sollicité les monarchies sunnites du Golfe pour une «intervention militaire».

Des forces alliées aux rebelles chiites au Yémen se sont emparées mercredi de l'aéroport international d'Aden, accentuant la pression sur le président Hadi.