Israël était absent lundi des débats au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU consacrés à l'enquête sur l'offensive israélienne contre Gaza de l'été dernier et à la situation dans les territoires palestiniens.

Le représentant israélien n'était pas présent dans la salle, ce qui, selon une source proche du Conseil, est considéré comme un boycottage. Une absence que la mission israélienne auprès de l'ONU n'a pas souhaité commenter. Le représentant américain était également absent.

Dans l'après-midi, l'ambassadeur américain Keith Harper, qui se trouvait à Washington, a justifié son absence dans un communiqué: «Aujourd'hui les États-Unis, en soutien à Israël, n'ont pas prononcé de discours lors du débat au Conseil des droits de l'Homme sur les violations israéliennes présumées dans les territoires palestiniens, connu comme le point 7» de l'agenda.

Il souligne que les États-Unis jugent que cette question manque de «légitimité». «Les États-Unis sans équivoque et avec fermeté s'opposent à l'existence de ce point 7 dans l'agenda et aux résolutions du Conseil qui l'accompagnent», écrit-il, demandant le retrait de la question de l'agenda du Conseil.

Israël est le seul pays avec un point fixe (le point 7) à l'ordre du jour de chaque session du Conseil (trois fois par an).

L'absence de représentant américain avait conduit certains observateurs à spéculer quant à un éventuel premier signe de l'intention déclarée la semaine dernière par l'administration de Barack Obama de revoir l'appui apporté à Israël à l'ONU.

Le 19 mars, les États-Unis avaient averti qu'ils allaient réévaluer leur position vis-à-vis d'Israël à l'ONU, où ils lui apportent traditionnellement un soutien indéfectible, après que le premier ministre Benyamin Nétanyahou ait annoncé dans sa campagne électorale qu'il s'opposerait à la création d'un État palestinien.

Pour le représentant pakistanais, s'exprimant au nom de l'Organisation de la Conférence islamique, ces absences de représentants occidentaux «constituent une tentative délibérée de nuire à la crédibilité du Conseil des droits de l'Homme».

Israël a toujours refusé de collaborer avec la commission d'enquête de l'ONU, lancée peu après l'offensive israélienne de l'été dernier à Gaza.

Le conflit de 50 jours à Gaza à l'été 2014 avait provoqué la mort de 2140 Palestiniens, en majorité des civils, et de 73 Israéliens, pour la plupart des militaires.

La commission devait présenter ses premières conclusions lundi. Mais les enquêteurs de l'ONU ont demandé à repousser la publication de leur rapport à juin 2015 en raison de la démission début février du président de la commission, le juriste canadien William Schabas, qui avait été mis en cause par Israël pour «conflit d'intérêts».

Le conflit d'intérêts porte sur un avis juridique que M. Schabas avait rédigé en 2012 pour l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Israël a des relations conflictuelles avec le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies et n'avait pas hésité à boycotter ses travaux, après que le Conseil, où 47 pays sont représentés, eut décidé en mars 2012 de lancer une enquête sur les conséquences des implantations israéliennes dans les territoires palestiniens occupés.

Ce boycottage avait pris fin en octobre 2013 lorsque l'ambassadeur israélien Eviator Manor s'était présenté devant le Conseil pour défendre le bilan israélien en matière de droits de l'Homme.

Israël n'accepte pas pour autant tous les rapports et recommandations du Conseil le concernant.