Le président afghan Ashraf Ghani a estimé samedi lors d'un entretien avec la presse étrangère que le printemps sera difficile en termes de sécurité, quelques heures avant son départ aux États-Unis pour une visite officielle de quatre jours.

«L'hiver a été extraordinairement difficile. Et sauf percée majeure dans la région, le printemps sera difficile», avec l'ouverture de la «saison des combats» avec les insurgés talibans, a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec la presse internationale samedi au palais présidentiel.

Pour autant, M. Ghani a affirmé qu'il ne demandait pas d'aide spécifique aux États-Unis ou même des changements dans le calendrier de retrait des troupes américaines en 2015.

«Ce que je vais expliquer au Congrès américain, c'est ce que nous faisons», a-t-il dit avant de préciser: «Ce que nous soulignons est à la fois la nature de la menace et ce que nous faisons avec nos ressources actuelles».

Selon le président, «un partenariat est une question d'évaluation des conditions. (...) vous ne pouvez pas demander de l'aide sans fin».

Mais en privé, nombre de responsables afghans plaident pour un maintien des soldats américains après 2016, date prévue à ce jour pour le retrait total des troupes étrangères.

Les dirigeants afghans ont multiplié ces dernières semaines les contacts diplomatiques dans la région, «de l'Azerbaïdjan à l'Inde» pour créer les conditions pour des discussions avec les talibans. «Nous n'avons pas eu de discussions face à face, nous préparons les conditions pour cela», a toutefois assuré M. Ghani.

Le voyage aux États-Unis de la délégation afghane menée par le président Ghani et son chef de l'exécutif Abdullah Abdullah, sera également l'occasion d'évoquer la présence de l'Etat islamique (EI) en Afghanistan.

M. Ghani a reconnu samedi la menace du groupe État Islamique en affirmant notamment que la caractéristique de l'EI est «d'avaler ses concurrents». «Si vous comparez Al Qaïda et l'EI, c'est comme de passer de Windows 1 à Windows 5», a dit le président.

Selon lui, certains réseaux terroristes ont perduré en raison des offensives de l'armée pakistanaise au Waziristan et à Khyber qui «poussent une série d'importants réseaux terroristes internationaux vers nous».

Mais M. Ghani considère que le voisin pakistanais est un partenaire clé dans le processus de paix avec les talibans. Le président a réaffirmé samedi que le succès dépendait avant tout d'une «paix durable» avec Islamabad.

En outre, sur le volet économique, M. Ghani a notamment insisté sur la responsabilité budgétaire de l'Afghanistan. «Nous examinons le système de dépenses, l'efficacité, et la transparence, de fond en comble», a-t-il affirmé alors que l'avenir de l'aide financière américaine pour Kaboul doit être évoqué à Washington.