Washington envisage sérieusement un retrait des troupes américaines plus lent que prévu afin de pas mettre en danger les progrès effectués sur le terrain, a fait savoir samedi à Kaboul le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter.

Le président américain Barack Obama «envisage un certain nombre de possibilités pour renforcer notre soutien à la stratégie de sécurité du président Ghani, y compris de possibles changements au calendrier de retrait des troupes américaines», a déclaré M. Carter lors d'une conférence de presse commune avec le chef de l'État afghan.

Les propos de M. Carter, au début de sa visite de deux jours, sont jusqu'à présent les plus explicites de la part d'un responsable américain concernant l'évolution du calendrier de retrait.

«Cela pourrait vouloir dire reconsidérer les dates de fermeture de nos bases», a-t-il développé lors de cette conférence de presse et après s'être entretenu avec le président afghan Ashraf Ghani et son chef de l'exécutif Abdullah Abdullah.

Outre la question du nombre des troupes sur place, les États-Unis devraient s'engager «sur le long terme, en ce qui concerne les ressources, équipements et autres soutiens».

Selon le ministre américain, la formation d'un gouvernement d'union nationale par le président Ghani a été le facteur le plus important en faveur d'une évolution du plan de retrait, car il implique «certitude» et «prévisibilité».

La visite de M. Carter samedi à Kaboul intervient au moment où M. Obama doit prendre une décision sur le calendrier de retrait des troupes en Afghanistan. En l'état actuel, la force de quelque 10 000 Américains doit passer à environ 5000 d'ici à la fin de 2015, avant de se retirer complètement d'ici à la fin de 2016, lorsque président Obama quittera ses fonctions.

Ralentir le retrait

Les dirigeants afghans et quelques élus américains ont demandé à M. Obama de revoir le calendrier, estimant qu'un retrait trop rapide pourrait mettre en danger la sécurité et décourager l'aide internationale.

Par ailleurs, le commandant des troupes américaines sur place, le général John Campbell, a fait savoir qu'il serait préférable de ralentir davantage le rythme du retrait. Mais aucun détail n'a été avancé à ce stade quant aux possibles options qui se présentent au président américain.

Parallèlement, M. Carter a précisé que la refonte du plan de retrait pourrait aussi passer par une «révision des détails de la mission de contre-terrorisme» qui vise actuellement les membres d'Al-Qaïda.

Interrogé peu avant son arrivée à Kaboul sur la présence du groupe Etat islamique en Afghanistan, M. Carter a minimisé la menace en estimant que certains talibans essayaient d'opérer un «changement de marque». «Les informations que nous avons montrent qu'ils restent peu nombreux», a-t-il jugé.

M. Carter est arrivé à Kaboul samedi au moment où le président Ghani multiplie les efforts en vue de parvenir à des pourparlers de paix avec les talibans, avec un soutien inhabituel du Pakistan.

Au cours de la conférence de presse samedi, M. Ghani a refusé de confirmer si les chefs talibans étaient prêts ou non à engager des négociations directes avec son gouvernement.

Mais selon le président, «les conditions pour la paix n'ont jamais été meilleures au cours des 36 dernières années».

Washington et le porte-parole officiel des talibans ont démenti cette semaine des rencontres entre Américains et responsables talibans au Qatar en vue de négociations de paix, comme l'avaient annoncé plusieurs sources talibanes.

Les États-Unis ont entamé leur action militaire en Afghanistan après les attentats du 11 septembre 2001, en faisant tomber le régime taliban en place à Kaboul, qui refusait de rompre ses liens avec Al-Qaïda.

Au plus fort de l'intervention occidentale menée par les Américains en Afghanistan, environ 130.000 soldats étaient présents dans le pays. Il ne reste plus aujourd'hui que 12 500 soldats étrangers, en majorité américains, chargés en principe de la formation des forces afghanes.