Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait adopter dimanche une résolution qui met la milice chiite des Houthis, au pouvoir à Sanaa, en demeure de se retirer des institutions qu'elle contrôle, de libérer les membres du gouvernement, détenus et de négocier, selon des diplomates.

Le texte, dont l'AFP a obtenu copie, agite une vague menace de sanctions, comme le Conseil l'a déjà fait à plusieurs reprises sans succès. Mais il va moins loin que ce qu'ont réclamé samedi les pays du Golfe, qui souhaitent des mesures coercitives immédiates sous le Chapitre 7 de la Charte de l'ONU.

Selon le projet de résolution, les 15 pays membres du Conseil «exigent que les Houthis, immédiatement et de manière inconditionnelle, retirent leurs forces des institutions gouvernementales (..) et abandonne le contrôle des instances gouvernementales et de sécurité».

Les miliciens chiites doivent aussi «s'impliquer de bonne foi dans les négociations» de paix menées sous l'égide de l'émissaire de l'ONU Jamal Benomar et «libérer le président (Abd Rabbo Mansour) Hadi, son premier ministre et les membres du cabinet» qui sont en résidence surveillée depuis que la milice a pris le pouvoir.

Le Conseil «se déclare prêt à prendre des mesures supplémentaires» -- euphémisme onusien pour des sanctions -- en cas où cette résolution ne serait pas appliquée, mais ne fait aucune référence explicite au Chapitre 7 de la Charte. Celui-ci permet d'appliquer des pressions économiques et même militaires pour faire appliquer une décision du Conseil.

Selon des diplomates occidentaux, la Russie est réticente à voter des sanctions depuis qu'elle est elle-même sous le coup de sanctions américaines et européennes pour son implication en Crimée et dans l'est de l'Ukraine.

Le Conseil a publié plusieurs déclarations récemment sur la crise yéménite, mais il s'agit de la première résolution depuis que les Houthis ont pris le contrôle du pays, dans un «coup d'État» dénoncé par Washington et les pays du Golfe.

La résolution a été «mise en bleu» c'est-à-dire qu'elle est considérée comme prête à être votée dans les prochains jours. Le texte devrait être adopté dimanche à New York, selon des diplomates.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait appelé jeudi à «tout faire pour aider le Yémen à éviter le précipice», réclamant notamment que le président Hadi soit rétabli dans ses fonctions.

Les Houthis, entrés en septembre dans Sanaa avant d'étendre leur influence sur le centre et l'ouest du Yémen, ont repris lundi le dialogue politique sous l'égide de l'ONU.