Raif Badawi a de nouveau échappé à la flagellation, hier en Arabie saoudite, pour une cinquième semaine consécutive. Pendant ce temps, la mobilisation se poursuit au Canada, où vivent maintenant sa femme et ses enfants: Ottawa a reçu plus de 15 600 messages lui enjoignant d'agir pour obtenir la libération du blogueur.

Les raisons de ce nouveau report de la séance hebdomadaire de coups de fouet sont encore une fois mystérieuses. «Il n'a pas vu le médecin, donc c'est sûr que ce n'est pas pour des raisons médicales officielles», explique Béatrice Vaugrante, la directrice générale d'Amnistie internationale pour le Canada francophone.

Raif Badawi devrait revenir «sous peu» devant la cour criminelle de Djeddah, dans l'ouest du pays, après que la Cour suprême y eut renvoyé son cas, souligne Mme Vaugrante. «Tous les scénarios sont possibles», dit-elle, évoquant à la fois un nouveau procès, une libération ou même un durcissement de la peine.

Amnistie internationale appelle à une «pression internationale constante» sur l'Arabie saoudite, qui a «des façons de faire tout aussi détestables que [le groupe terroriste] État islamique». Béatrice Vaugrante se réjouit de la mobilisation pour Raif Badawi, mais elle souligne que beaucoup d'autres personnes subissent un sort semblable au sien, dont son avocat et beau-frère, Walid Aboul Khair.

Un grand nombre de citoyens ont pris la plume pour inciter le gouvernement canadien à faire pression sur l'Arabie saoudite afin qu'elle libère Raif Badawi. Plus de 15 600 lettres ou courriels concernant le blogueur sont parvenus au bureau du ministre canadien des Affaires étrangères, selon un décompte effectué hier à la demande de La Presse.

La majorité de ces missives sont des textes rédigés par des organismes qui les offrent au public, mais quelques centaines d'entre elles sont des «pièces individuelles de correspondance», soit des lettres originales.

Il s'agit de «chiffres normaux par rapport à la correspondance reçue sur d'autres sujets en cours», a précisé par courriel Caitlin Workman, une porte-parole du ministère.

151 000 signatures

Il y a une dizaine de jours, la populaire émission 30 vies a donné un sérieux coup de pouce à la mobilisation en publiant sur sa page Facebook une vidéo dans laquelle le comédien Émile Proulx-Cloutier invite les jeunes à agir pour Raif Badawi. Cette vidéo a été visionnée plus de 464 000 fois.

Conséquence directe ou pas, plus de 70 000 personnes ont signé la pétition exigeant la libération de Raif Badawi sur le site internet d'Amnistie internationale Canada en français, alors que celle en anglais comptait hier 81 000 signatures.