Plus de 30 000 Afghans du Pakistan sont rentrés dans leur pays depuis le début de l'année, devenus indésirables après l'attentat sanglant dans une école de Peshawar en décembre, a-t-on appris dimanche auprès de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Ce chiffre dépasse déjà les quelque 25 000 Afghans qui sont rentrés au pays sur l'ensemble de l'année 2014.

«Ce ne sont pas des réfugiés, mais des Afghans sans-papiers qui étaient implantés au Pakistan depuis 20 à 25 ans pour la plupart», explique Richard Danziger, chef de mission de l'OIM à Kaboul.

Parmi les 30 599 personnes rentrées en Afghanistan depuis le début de l'année, 1817 ont été expulsées par les autorités pakistanaises, les autres ayant quitté le Pakistan de leur propre chef, selon IOM.

Mais les départs ont pu avoir lieu sous la pression des Pakistanais, car les relations entre la communauté afghane et leurs hôtes se sont tendues après l'attaque le 16 décembre dernier, menée par un commando taliban contre une école de Peshawar, qui a fait 150 morts dont 134 écoliers.

Or, les autorités pakistanaises soupçonnent les auteurs de l'attaque d'avoir des liens avec l'Afghanistan.

«Tout a commencé après l'attaque sur l'école de Peshawar en décembre. Leur vie est devenue inconfortable. Pour la plupart, ce ne sont pas des refoulements, mais des personnes qui partent volontairement, sous la pression des Pakistanais», confirme M. Danziger.

L'établissement scolaire visé était fréquenté principalement par des enfants de militaires. L'attaque avait profondément choqué le Pakistan, pays musulman de près de 200 millions d'habitants miné presque quotidiennement par des attentats.

«On en peut pas savoir ce qu'il va se passer, on ne sait pas encore si ce phénomène est provisoire ou durable», ajoute M. Danziger qui précise que la plupart des Afghans de retour dans leur pays vont dans les provinces de Nangahar, Laghman, Kaboul Kunar (est), ou encore Kunduz (nord).

Depuis le Pakistan, la plupart des Afghans ont passé la frontière à Torkham, sur la route entre Peshawar au Pakistan et Jalalabad en Afghanistan. Torkham est le principal point de passage entre les deux pays.

Islamuddin Jureet, un porte-parole du ministère afghan des Réfugiés et des rapatriés, a indiqué à l'AFP que des responsables des deux pays concernés allaient se réunir pour discuter de la situation.

Des Afghans «ont vécu au Pakistan voisin pendant des décennies et ils n'ont jamais été impliqués dans des attaques terroristes», a-t-il affirmé en réponse aux soupçons des Pakistanais à l'égard de ses compatriotes.