La puissante milice chiite au Yémen a fixé dimanche un ultimatum de trois jours aux autres forces politiques pour trouver une sortie de crise après la démission de l'exécutif, faute de quoi elle décidera de l'avenir de l'État avec ses alliés.

Cet ultimatum a été annoncé au terme d'une réunion de trois jours dans la capitale Sanaa, à laquelle a participé le parti de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, mais qui a été boycotté par les autres grandes formations politiques du Yémen, en plein chaos.

Dans leur communiqué final, les miliciens chiites, dits Houthis, et leurs alliés ont fixé un délai de «trois jours pour parvenir à une solution et combler le vide» politique dans le pays, faute de quoi «la direction révolutionnaire se chargera d'arranger la situation de l'État».

Cette annonce a été vivement applaudie par des milliers de personnes, rassemblées dans une grande salle de sports à Sanaa, dont des chefs tribaux et des militaires en uniforme.

La milice chiite et ses alliés n'ont pas précisé les mesures qu'ils comptent prendre à la suite de la démission de l'ensemble de l'exécutif le 22 janvier, et en l'absence des principaux protagonistes de la crise yéménite, dont l'influent parti islamiste sunnite Al-Islah et le parti socialiste yéménite (PSY, sudiste), opposés à l'offensive des Houthis depuis l'an dernier.

Les miliciens chiites, dont le fief se trouve dans le nord du pays, sont entrés le 21 septembre à Sanaa et ont depuis élargi leur influence au centre et à l'ouest du pays, à majorité sunnite.

Le 20 janvier, ils se sont emparés du palais présidentiel et des principaux bâtiments gouvernementaux, poussant à la démission le président Abd Rabbo Mansour Hadi et son premier ministre.

Le chef de la milice, Abdel Malek al-Houthi, avait convoqué une rencontre «historique» à Sanaa entre toutes les forces politiques, sociales et tribales pour «examiner la situation politique et sécuritaire».

Cependant, seul le Congrès populaire général (CPG), le parti de M. Saleh, poussé au départ en 2012 par une révolte populaire et qui est aujourd'hui accusé de soutenir les Houthis, s'est joint au rassemblement.

L'émissaire de l'ONU Jamal Benomar, qui tente de rapprocher les points de vue des diverses parties, a récemment indiqué que M. Hadi et son gouvernement étaient en résidence surveillée, et a prévenu que des violences pouvaient éclater à tout moment.

La montée en puissance d'Ansaruallah a accentué la vague de violences qui secoue le Yémen, un pays pauvre de la péninsule arabique, confronté par ailleurs à un essor d'Al-Qaïda et d'un mouvement sécessionniste dans le Sud.

Dimanche, un responsable local de la milice chiite, Abou Abdallah al-Ayyani, a été tué par balles à Ibb (centre) par des hommes armés circulant à moto, selon une source de sécurité.

Dans la province voisine de Baïda, trois soldats sont morts dans une embuscade tendue par Al-Qaïda, qui a lui-même perdu six combattants, a indiqué à l'AFP une source militaire, qui a ajouté que douze autres soldats avaient été blessés dans l'échange de tirs ayant suivi. Un précédent bilan faisait état de deux soldats tués dans l'embuscade.

En outre, un chef local d'Al-Qaïda, identifié comme étant Abou Moussab, a trouvé la mort dans de violents accrochages qui ont opposé des combattants du réseau extrémiste à des militaires, selon un responsable à Baïda.