Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a prévenu mercredi soir que le mouvement chiite libanais Hezbollah allait «payer le prix» de son attaque qui a coûté la vie à deux soldats dans une zone occupée à la frontière du Liban.

Selon le porte-parole de l'armée israélienne Peter Lerner, il s'agit du «plus grave» incident à la frontière depuis 2006, lorsqu'une attaque similaire du Hezbollah contre des soldats israéliens avait entraîné une guerre dévastatrice avec l'État hébreu.

Le conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir à 16h00 sur l'incident, à la demande de la France.

Un casque bleu espagnol de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) a en outre été tué dans le «cours des développements», a indiqué cette dernière, précisant que l'homme était décédé après avoir été grièvement blessé et qu'une enquête était en cours sur les circonstances de sa mort.

La FINUL a appelé les deux parties à la retenue, alors que la chef de la diplomatie de l'Union européenne Federica Mogherini a appelé à une «cessation immédiate des hostilités».

Benjamin Nétanyahou a cependant vivement réagi en prévenant que «ceux qui sont derrière l'attaque en paieront le prix», a indiqué son bureau.

M. Nétanyahou tenait en soirée à Tel-Aviv une réunion d'urgence avec le ministre de la Défense Moshé Yaalon, le chef des forces armées, le général Benny Gantz, et le directeur du Shin Beth, les service de sécurité israéliens.

L'ambassadeur israélien aux Nations unies Ron Prosor a de son côté exhorté le Conseil de sécurité à «condamner le Hezbollah sans équivoque».

Le mouvement Résistance islamique, l'aile militaire du Hezbollah, a revendiqué l'attaque dans un communiqué, indiquant qu'«un groupe des martyrs de Qouneitra (...) a visé avec des roquettes (...) un convoi militaire israélien» dans le secteur des Fermes de Chebaa occupé par Israël, près du village arabe de Ghajar.

L'armée israélienne a affirmé qu'«un véhicule militaire dans la zone de Har Dov», le terme israélien désignant les Fermes de Chebaa, avait été touché, et que plus tard, des tirs de mortier avaient visé une base militaire israélienne sur le mont Hermon.

Elle a ensuite fait état de deux morts et sept blessés dans ses rangs.

«Fumée partout» 

En riposte, les chars et l'artillerie israéliens ont bombardé plusieurs villages dans le sud du Liban, où se trouvent des positions de l'armée libanaise et de la FINUL, chargée de surveiller la frontière israélo-libanaise, selon une source de sécurité libanaise.

L'armée israélienne a indiqué avoir «répondu avec des frappes combinées air et sol contre les positions opérationnelles du Hezbollah».

Des habitants de Ghajar, Hussein, 31 ans, et Ali, 37 ans, ont expliqué que trois maisons du village avaient été touchées lors des échanges de tirs entre soldats israéliens et Hezbollah.

«Des civils ont été blessés par des éclats de projectiles visant apparemment les positions israéliennes dans le village», a indiqué Hussein.

«Il y a de la fumée partout et les enfants pleurent», a indiqué Ali.

Le Hamas salue l'attaque 

L'attaque a été saluée par les groupes palestiniens Hamas et Djihad islamique, la Brigade Al-Qods du Djihad la qualifiant notamment d'«héroïque».

Mais aussi au Liban, où des drapeaux du Hezbollah ont été brandis à la frontière avec Israël et dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement chiite.

«La résistance a parlé. Israël a été brûlé par le feu qu'il a allumé à Qouneitra», a déclaré pour sa part la télévision du Hezbollah.

Le Hezbollah fait allusion au raid mené contre lui le 18 janvier dans la province de Qouneitra en Syrie, et attribué à Israël, dans lequel six de ses membres et un général iranien avaient été tués.

Le Hezbollah, qui soutient le régime syrien contre les rebelles et les djihadistes, avait menacé de se venger de ce raid - qu'Israël n'a ni revendiqué ni démenti officiellement.

Les Fermes de Chebaa sont une minuscule zone aux confins d'Israël, de la Syrie et du Liban qui revendique la souveraineté sur cette zone occupée par l'État hébreu.

Des incidents ont régulièrement lieu le long de la Ligne bleue, qui fixe la frontière libano-israélienne, selon le tracé dessiné par l'ONU après le retrait israélien mettant fin en 2000 à 22 ans d'occupation du sud du Liban.