L'Arabie saoudite observait dimanche une journée de deuil en hommage au roi Abdallah, alors que les dirigeants étrangers se succédaient à Ryad pour saluer son successeur Salmane à la tête du premier pays exportateur de pétrole.

Les rues de Ryad, généralement embouteillées, étaient calmes et dégagées pour cette journée de congé exceptionnel, deux jours après la mort du roi Abdallah à 90 ans.

Le nouveau monarque, Salmane ben Abdel Aziz, 79 ans, a souhaité cette journée de deuil pour «permettre à tous les citoyens de présenter leurs condoléances».

Le successeur et demi-frère du roi défunt continuait à recevoir les dignitaires étrangers, comme le prince-héritier du Japon, Nahurito, le roi Philippe de Belgique, le président de la région autonome de Kurdistan irakien, Massoud Barzani, et les présidents du Venezuela Nicolas Maduro et de Tanzanie Jakaya Kikwete.

Il avait notamment accueilli samedi le Français François Hollande, et Mohammad Javad Zarif, le ministre des Affaires étrangères de l'Iran chiite, généralement perçu comme un grand rival par les monarchies sunnites du Golfe.

Le président américain Barack Obama, qui a salué en Abdallah un homme «courageux» et un partenaire «précieux», se rendra mardi à Ryad après avoir écourté la visite qu'il a débutée dimanche en Inde.

Outre sa puissance pétrolière, l'Arabie saoudite, berceau de l'islam, est l'un des poids lourds du monde arabo-musulman. En septembre, Ryad s'était joint à la coalition internationale qui mène des frappes aériennes contre les djihadistes du groupe État islamique en Syrie et en Irak.

Dans le même temps, le royaume, qui applique une version rigoriste de la religion musulmane, est critiqué par des organisations de défense des droits de l'Homme sur les questions des libertés publiques et de la place des femmes dans la société.

Le sort du blogueur Raif Badawi, condamné par la justice saoudienne à 1000 coups de fouet pour «insulte à l'islam», avait notamment déclenché une vague d'indignation internationale.

Transition en douceur 

Se sont également retrouvés à Ryad le Premier ministre russe Dmitri Medvedev et le président ukrainien Petro Porochenko, à l'heure où les séparatistes prorusses lançaient une offensive en Ukraine contre le port stratégique de Marioupol.

Les cérémonies d'allégeance ont commencé vendredi soir juste après l'enterrement du roi Abdallah. Hauts dignitaires, chefs de tribus et citoyens ordinaires sont invités à rendre hommage au roi disparu et à prêter allégeance à Salmane, perçu comme plus conservateur qu'Abdallah.

Mais les Saoudiens ne sont pas unanimes.

«Si je prête allégeance ou pas, est-ce que cela fera une différence?», s'interroge néanmoins Oualid, un jeune diplômé, sans emploi comme de nombreux Saoudiens de sa génération. «Peut-être l'année prochaine, si je trouve un travail, je prêterai allégeance.»

Outre Salmane, deux hommes sont au centre de toutes les attentions: le prince héritier Moqren, 69 ans, et Mohammed ben Nayef, 55 ans, déjà désigné deuxième dans l'ordre de succession afin d'assurer une transition en douceur dans ce royaume où des jalousies et des tensions surgissent régulièrement au sein de la famille royale.

Dans son premier discours, le roi Salmane a annoncé qu'il n'y aurait pas de changement dans la politique du royaume.

Il n'a pas spécifiquement évoqué le pétrole, mais les marchés tablent sur la poursuite de la politique de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont l'Arabie saoudite est un poids lourd.

A la dernière réunion de l'Opep en novembre à Vienne, l'Arabie saoudite avait fermement défendu le maintien du niveau de la production de brut, au risque d'accentuer la chute des cours qui ont perdu plus de 50% depuis juin.

Pour la première fois en 40 ans, l'Arabie, qui pompe un dixième des approvisionnements mondiaux de pétrole, avait refusé en novembre d'agir pour stabiliser le marché.