Le roi d'Arabie saoudite a interpelé en décembre la cour suprême au sujet du blogueur Raif Badawi, condamné à 1000 coups de fouet, 10 ans de prison et 1 million de rials (319 000 dollars) d'amende.

La nouvelle, rapportée en milieu de journée par la BBC, la radio-télévision publique britannique, a fait le tour du monde et donné lieu à différentes spéculations sur les conséquences d'un tel geste de la part du chef de l'État.

« Ça ne permet pas de conclure qu'il y aura un nouveau procès », a tempéré Mireille Elchacar, agente de développement régional pour Amnistie internationale en Estrie, où l'épouse et les trois enfants de Raif Badawi ont trouvé refuge.

D'ailleurs, la sentence « inhumaine » du jeune homme de 32 a commencé à lui être infligée, la semaine dernière, avec une séance de 50 coups de fouet devant une mosquée de Djedda, à 85 kilomètres de La Mecque, dans l'ouest du pays.

Le blogueur devait à nouveau recevoir 50 coups de fouet aujourd'hui, mais le châtiment a été reporté à la dernière minute pour des raisons médicales qui ne sont pas liées à l'intervention du roi Abdallah, a indiqué Amnistie internationale.

L'ambassade d'Arabie saoudite à Ottawa n'a pas donné suite aux nombreux appels de La Presse. De son côté, le ministère des Affaires étrangères du Canada a refusé de dire s'il était au courant d'une quelconque évolution dans le dossier.

Mobilisation mondiale

La mobilisation pour demander la libération de Raif Badawi s'est accentuée partout dans le monde depuis que les coups de fouet ont commencé. Un rassemblement a eu lieu à midi devant l'Assemblée nationale, à Québec, ainsi que dans d'autres villes de la province. Mercredi, à Montréal, une centaine de personnes avaient appelé Ottawa à faire pression sur Riyad.

Le ministre des Affaires étrangères du Canada, John Baird, avait ensuite déclaré avoir entrepris des démarches auprès de l'ambassadeur d'Arabie saoudite à Ottawa et via l'ambassadeur du Canada à Riyad.

« Le Canada est vivement préoccupé par la flagellation publique de M. Raif Badawi. Cette peine est une violation de la dignité humaine et de la liberté d'expression, et nous lançons un appel à la clémence dans cette affaire », avait alors affirmé le ministre Baird.

Hier, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a à son tour appelé l'Arabie Saoudite à cesser les coups de fouet et à accorder un pardon à Raif Badawi.

« La flagellation est, à mon avis, une forme de châtiment cruel et inhumain. Cette peine est interdite par le droit international des droits de l'homme, en particulier la Convention contre la torture, que l'Arabie saoudite a ratifiée », a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein.

Raif Badawi avait été arrêté et emprisonné en 2012 pour avoir cofondé le Liberal Saudi Network, un site internet qui était un lieu de débats politiques et sociaux, fermé depuis par le gouvernement saoudien qui y voyait une violation de sa loi anti-cybercriminalité et une « insulte à l'islam ».