Le dossier du correspondant irano-américain du Washington Post, Jason Rezaian, détenu depuis juillet 2014 en Iran, a été envoyé devant le tribunal révolutionnaire, a annoncé mercredi le procureur général de Téhéran.

«Après la fin de l'enquête, l'acte d'accusation a été rédigé et le dossier de Jason Rezaian a été envoyé devant le tribunal révolutionnaire», a déclaré Abbas Jafari-Dolatabadi, sans détailler les accusations.

Le tribunal révolutionnaire juge habituellement les affaires portant sur des crimes politiques ou touchant à la sécurité nationale de la République islamique d'Iran.

Aussitôt, le département d'État a appelé une nouvelle fois à sa libération. «Nous sommes au courant des informations de presse iraniennes rapportant que l'affaire du citoyen américain Jason Rezaian a été déférée devant une cour», a déclaré la porte-parole Jennifer Psaki.

«Nous continuons à suivre la situation de près et tentons d'obtenir des informations supplémentaires. Nous continuons à appeler à sa libération immédiate», a-t-elle ajouté.

«Nous ne connaissons toujours pas quelles sont les charges qui pèsent sur notre correspondant», a déploré le Washington Post mercredi.

«Nous espérons que son défèrement devant le tribunal révolutionnaire va lui permettre une libération plus rapide», a ajouté le rédacteur en chef du journal Martin Baron, qui a enjoint les autorités iraniennes de rendre ces inculpations publiques et de mettre un terme à «six mois de cauchemar».

Selon le procureur général de Téhéran, la mère de M. Rezaian, qui se trouve en Iran, a pu le «rencontrer à deux reprises».

Dans des déclarations cette semaine au quotidien américain, la mère du journaliste, Mary Rezaian, a déclaré que son fils «avait l'air très différent» quand elle l'a vu fin décembre à la prison d'Evin à Téhéran. «Il avait perdu 40 livres».

Le journaliste, qui travaillait à Téhéran depuis 2012, a été arrêté le 22 juillet 2014 avec son épouse, Yeganeh Salehi, une journaliste depuis libérée sous caution, pour des motifs qui n'ont jamais été clairement énoncés.

La détention du correspondant a été prolongée de 60 jours le 4 décembre, avait annoncé sa famille.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a déclaré mercredi que «le gouvernement iranien faisait de son mieux pour aider» mais qu'il s'agissait «d'une affaire judiciaire».

M. Zarif s'exprimait à Genève où il a rencontré le secrétaire d'Etat américain John Kerry dans le cadre des négociations nucléaires entre l'Iran et les puissances du groupe 5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne).