Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a comme prévu remporté haut la main l'investiture du Likoud pour conduire une liste très à droite aux législatives anticipées qui décideront le 17 mars s'il est à nouveau appelé à former le gouvernement.

M. Nétanyahou, 65 ans, premier ministre depuis 2009 après un premier mandat de 1996 à 1999, a surclassé son seul rival à la tête du parti, le faucon Danny Danon, lors d'une primaire organisée mercredi.

Après dépouillement de près des deux tiers des votes, M. Nétanyahou totalisait environ 80% des voix, laissant les 20% restant à M. Danon, partisan d'une colonisation à tout va dans les territoires palestiniens occupés, a indiqué à l'AFP la porte-parole du Likoud, Noga Katz.

Les membres du Likoud étaient appelés à déposer trois bulletins dans les urnes: l'un pour la tête du parti, un autre pour la composition de la liste présentée aux législatives, et un troisième sur la possibilité faite ou non à M. Nétanyahou de réserver deux places sur la liste à des candidats de son choix.

M. Nétanyahou, confronté à la cacophonie de son gouvernement, a lui-même provoqué les législatives anticipées deux ans et demi avant l'échéance prévue. Sa victoire au Likoud, où il n'a pas de rival à sa hauteur, était une affaire entendue.

La grande question était donc de savoir si, comme ils l'avaient fait lors de la primaire de novembre 2012 en vue des législatives de janvier 2013, les 96 651 membres du Likoud désigneraient une liste très à droite pour se prémunir contre la concurrence de listes plus droitières; ou s'ils se recentreraient dans la perspective d'élections bien incertaines.

«On prend les mêmes... »

Au vu des résultats partiels, les choses ont peu changé. Devant le bon résultat de la députée Miri Regev, qui appartient à l'aile la plus à droite du Likoud et devrait s'adjuger la 5e place sur la liste, Moshé Feiglin, partisan d'une souveraineté israélienne sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, s'est vu relégué à une place inéligible selon les derniers résultats.

«On prend les mêmes et on recommence», a résumé Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Université ouverte d'Israël, près de Tel-Aviv.

«Nétanyahou mettra sûrement en avant l'éviction de Feiglin pour faire patte blanche auprès des électeurs centristes, mais le fait est que cette liste est à peu près la même que la précédente, très marquée à droite», a-t-il dit.

Le fait que seulement deux ans se soient écoulés depuis la précédente primaire et la percée dans les sondages du Foyer juif, parti religieux nationaliste fervent partisan de la colonisation, expliquent la réticence des membres du Likoud à un recentrage, selon lui.

«La liste du Likoud ne séduira pas les électeurs centristes. Mais le principal souci du parti est la popularité de (Naftali) Bennett, le chef de file du Foyer juif, auprès des électeurs de droite», a-t-il ajouté.

Vaincre la gauche

M. Nétanyahou n'a pas tardé à assurer que les membres du Likoud avaient fait mentir ceux qui prédisaient une nouvelle «droitisation» du parti.

«Contrairement à ce qui avait été annoncé (ils) ont choisi une liste excellente, équilibrée, expérimentée, responsable», a-t-il déclaré devant la presse. Cette liste «nous aidera à vaincre la gauche», a-t-il dit en référence à l'alliance conclue entre le parti de centre gauche HaTnuah de l'ex-ministre de la Justice Tzipi Livni, récemment limogée, et le parti travailliste de Isaac Herzog.

Cette liste est au coude à coude avec le Likoud dans les récentes enquêtes d'opinion. Selon un sondage publié mercredi soir par la Chaîne 10 de télévision, elle remporterait 23 sièges contre 21 pour le Likoud.

Le bloc de droite bénéficie toujours dans les sondages d'une large majorité, note cependant l'analyste Denis Charbit.

Dans un pays une nouvelle fois en guerre l'été dernier, et dans un environnement régional menaçant, ce n'est pas la sécurité (30%), mais l'économie (34%) qui décidera les électeurs le 17 mars, indiquait un sondage récent. Avant la primaire, M. Nétanyahou, dont le gouvernement actuel s'achève sur une sévère détérioration des relations avec les Palestiniens, s'était posé en rassembleur de la droite «devant tous les défis immenses auxquels Israël est confronté».