Le Conseil de sécurité des Nations unies a rejeté mardi une résolution palestinienne portant sur un accord de paix avec Israël, au sujet de laquelle les États-Unis avaient exprimé leur opposition bien avant le vote.

La résolution a recueilli 8 voix pour, deux voix contre et cinq abstentions, alors qu'elle devait réunir 9 voix, sur les 15 du Conseil, pour être adoptée.

La France, la Chine et la Russie, tous trois membres permanents du Conseil, ont apporté leur soutien à la résolution. L'Australie et les États-Unis, proches alliés d'Israël, ont voté contre.

Cinq pays, dont le Royaume-Uni, se sont abstenus.

Le texte prévoyait notamment un accord de paix d'ici douze mois et le retrait israélien des Territoires occupés avant fin 2017.

Les Palestiniens avaient apporté lundi des modifications à leur projet, en demandant qu'il soit soumis au Conseil de sécurité dès cette semaine.

Les amendements prévoyaient Jérusalem-Est, occupée et annexée, comme capitale d'un État palestinien, le règlement de la question des prisonniers palestiniens, l'arrêt de la colonisation israélienne et rappelaient le caractère illégal du mur de séparation.

«Cette résolution encourage les divisions et non un compromis», a déclaré l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power. «Ce texte n'évoque les inquiétudes que d'une seule partie», a-t-elle ajouté.

Avant elle, lundi et mardi, Jeffrey Rathke, un porte-parole du département d'État, avait estimé que le calendrier fixé par le texte «posait des délais arbitraires». «Cela n'aiderait pas les négociations», avait-il affirmé.

Les États-Unis ont aussi «des inquiétudes sur les besoins légitimes d'Israël en matière de sécurité», avait-il ajouté.

Vote contre mais pas de veto

Les États-Unis n'auront donc pas eu besoin d'exercer leur droit de veto, que leur statut de membre permanent du Conseil leur confère et dont ils se sont souvent servis pour bloquer des résolutions défavorables à Israël.

Un veto américain risquait de provoquer la colère des pays arabes alliés des États-Unis dans la coalition qui combat les jihadistes de l'État islamique en Syrie et en Irak.

Tentant de rallier des pays à sa cause, le secrétaire d'État américain John Kerry s'est entretenu par téléphone ces dernières 48 heures avec les responsables de 12 pays et le président palestinien Mahmoud Abbas, selon M. Rathke.

M. Kerry a parlé ainsi au président du Rwanda Paul Kagame ainsi qu'à ses homologues de Jordanie, d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Russie, du Royaume-uni, de l'Union européenne, du Chili, de la Lituanie, du Luxembourg, d'Allemagne et de France.

«De nombreux pays ont dit qu'ils ne pourraient pas soutenir cette résolution. Et même parmi ces pays, il y en a qui soutiennent les Palestiniens depuis longtemps», avait fait valoir le responsable américain.

«Beaucoup d'entre eux ont aussi reconnu qu'il s'agissait d'une résolution inopportune et non constructive», a ajouté le représentant de la diplomatie américaine.

Lors d'une réunion lundi, convoquée par la Jordanie, qui siège au Conseil, le groupe arabe à l'ONU avait, lui, apporté son soutien au document modifié.

Avant le vote, l'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant avait expliqué que le texte comportait «des termes sur les délais, des nouveaux termes sur les réfugiés» qui seraient sources potentielles de «difficultés».

L'ambassadeur palestinien Riyad Mansour avait exhorté le Conseil à adopter le texte pour montrer que «toute la communauté internationale s'intéresse à la question palestinienne» alors que plusieurs pays ont reconnu récemment la Palestine comme un État.

En cas de rejet du projet, les Palestiniens avaient dit qu'ils chercheraient notamment à rejoindre la Cour pénale internationale afin d'y mettre Israël en accusation pour crimes de guerre à Gaza.

Un premier projet de résolution avait été présenté au Conseil de sécurité il y a moins de deux semaines, et les Palestiniens s'étaient dits prêts à l'amender pour échapper à un veto américain.

Cette nouvelle initiative palestinienne intervient alors que la communauté internationale s'inquiète de plus en plus de la montée de la violence et de l'incapacité à relancer les tractations.