Les talibans afghans ont lancé samedi une série de nouvelles attaques, tuant au moins 19 personnes à Kaboul et dans le sud du pays, confirmant ainsi l'intensification de leurs opérations à l'approche de la fin de la mission de combat de l'OTAN.

Dans la capitale, un autobus de l'armée afghane a été la cible d'un kamikaze. L'attentat a fait six morts, a indiqué à l'AFP Dawlat Waziri, porte-parole du ministère de la Défense, ajoutant que le bilan, provisoire, pourrait s'alourdir.

L'attaque a été revendiquée par les talibans qui avaient déjà revendiqué l'assassinat plus tôt dans la matinée, à Kaboul, d'un haut fonctionnaire de la Cour suprême.

Atiqullah Raufi, chef du secrétariat de la Cour suprême, a été abattu alors qu'il sortait de son domicile pour se rendre à son travail, a précisé la police.

Dans la province du Helmand (sud), 12 démineurs ont été tués dans une attaque des talibans, alors qu'ils étaient occupés à une opération de déminage. Des combats ont ensuite opposé les assaillants à des soldats afghans qui ont tué deux talibans et fait quatre prisonniers, a précisé Omar Zwak, porte-parole du gouvernorat du Helmand.

Ces attaques interviennent un peu plus de deux semaines avant la fin de la mission de combat de l'OTAN en Afghanistan et trois jours après la publication d'un rapport du Sénat américain sur la torture pratiquée par des agents de la CIA dans la foulée du 11-Septembre.

Au cours des dernières semaines, les attentats sanglants se sont multipliés à travers l'Afghanistan, notamment à Kaboul. Jeudi, un attentat suicide contre le centre culturel français de Kaboul avait fait au moins un mort, un Allemand, et une vingtaine de blessés. Vendredi, deux soldats de l'OTAN dont la nationalité n'a pas été révélée ont été tués dans une attaque à l'est de l'Afghanistan.

Les récents attentats ont visé des maisons d'étrangers, une parlementaire afghane, un convoi de l'ambassade britannique ou encore trois Sud-Africains, tués dans l'attaque de leur résidence sécurisée.

Les Afghans seuls face aux talibans 

Dans l'espoir de stabiliser le pays au moment où l'OTAN réduit la voilure, le nouveau président afghan Ashraf Ghani a appelé les talibans à des négociations. Ceux-ci refusent pour l'heure de dialoguer directement avec Kaboul.

L'essentiel des forces de l'OTAN, qui ont compté jusqu'à 130 000 soldats en 2010, doit avoir quitté le pays d'ici à la fin du mois, après 13 ans de lutte infructueuse contre l'insurrection talibane.

Au 1er janvier, la mission de combat cédera sa place à «Soutien Résolu», une mission d'assistance et de formation de l'armée et de la police afghanes.

Les forces afghanes sont désormais en première ligne des combats contre les rebelles talibans qui ciblent les militaires pour affaiblir l'armée et décourager les vocations militaires au sein de la population.

Il y a une semaine, le secrétaire d'État à la Défense, Chuck Hagel, en visite à Kaboul, a indiqué qu'un millier de soldats américains supplémentaires resteraient en Afghanistan en 2015 pour compenser le retrait de l'essentiel des forces de l'OTAN.

«La communauté internationale ne doit pas fléchir dans son soutien à un Afghanistan stable, sûr et prospère», a-t-il indiqué.

M. Hagel a assuré que l'Afghanistan ne subirait pas le même sort que l'Irak, où l'armée nationale entraînée par les États-Unis s'est effondrée face à l'assaut des jihadistes de l'État islamique.

Mais les responsables afghans s'alarment du fait que leurs forces de sécurités locales doivent de plus en plus faire face aux insurgés seules, sans aide de l'OTAN.

Les soldats et policiers afghans paient déjà un lourd tribut: 4600 d'entre eux ont été tués dans les dix premiers mois de 2014.