Le secrétaire d'État américain John Kerry se rendra dimanche à Rome pour voir le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et parler notamment de projets de résolutions à l'ONU destinées à relancer les négociations de paix avec les Palestiniens, a annoncé mercredi le département d'État.

Sa porte-parole Jennifer Psaki n'a pas précisé la date de cet entretien prévu dans la capitale italienne, indiquant dans son communiqué que son ministre pourrait se rendre aussi dans d'autres pays. MM. Kerry et Nétanyahou, qui se parlent quasiment tous les jours, se sont encore vus à la mi-novembre à Amman.

Mme Psaki n'a pas été plus diserte sur le contenu de la rencontre, se contentant de citer «de nombreux sujets, parmi lesquels les développements en Israël, la Cisjordanie, Jérusalem et la région».

Lors de son point de presse, la porte-parole a ajouté que MM. Kerry et Nétanyahou «parleraient certainement d'initiatives en cours devant les Nations unies».

Mardi, le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat avait dit espérer avant Noël un vote du Conseil de sécurité de l'ONU sur une résolution en cours de préparation. Pour lui et la direction palestinienne cette résolution doit préserver une solution à deux États, palestinien et israélien, coexistant sur les frontières antérieures à 1967, et fixer un terme à l'occupation israélienne.

Mais ce texte jugé trop déséquilibré par des diplomates à l'ONU risque un veto américain.

La Jordanie, seul membre arabe du Conseil de sécurité, avait fait circuler en novembre au nom des Palestiniens ce projet de résolution appelant à la fin de l'occupation israélienne d'ici novembre 2016. Cette initiative palestinienne a été entérinée samedi dernier par la Ligue arabe.

De son côté, selon des diplomates du Conseil, la France a entamé des consultations avec ses partenaires à Londres, Berlin, Washington et Amman afin d'aboutir aussi à un texte de consensus. Celui-ci réaffirmerait la nécessité d'une reprise rapide des négociations israélo-palestiniennes, définirait des paramètres généraux pour assurer leur succès et fixerait une échéance pour la fin de ces négociations, peut-être un délai de deux ans.

John Kerry est l'artisan de la reprise du processus de paix entre juillet 2013 et avril dernier. Malgré son échec, il n'a jamais abandonné l'idée d'une relance du dialogue direct israélo-palestinien. Il a toutefois reconnu dimanche dernier qu'une reprise n'était «pas pour demain», d'autant qu'Israël aura des élections anticipées en mars 2015.

La rencontre Kerry-Nétanyahou à Rome se tiendra dans un climat d'extrêmes tensions entre Israël et les Palestiniens: un haut responsable palestinien, Ziad Abou Eïn, chargé du dossier de la colonisation au sein de l'Autorité palestinienne, est mort mercredi à la suite de heurts avec des soldats israéliens. Sa disparition menace la poursuite de la coopération entre l'Autorité palestinienne et Israël en Cisjordanie occupée.

Les États-Unis sont «profondément préoccupés» par ce décès, a dit Mme Psaki, appelant Israël à conduire «une enquête rapide, équitable et transparente». Le département d'État a également exhorté les deux camps à «faire baisser les tensions et éviter une escalade de la violence».

Les relations entre les États-Unis et son indéfectible allié israélien subissent un très net coup de froid depuis l'échec du processus de paix et l'accélération depuis un an des négociations internationales sur le programme nucléaire de l'Iran.

Washington proteste aussi de plus en plus fort contre la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens. La diplomatie américaine a dû cette semaine démentir un article de la presse israélienne évoquant de possibles sanctions américaines contre Israël.