Cinquante-neuf pays ont affirmé jeudi à Londres leur soutien à la feuille de route de réformes du président afghan Ashraf Ghani, réitérant leurs engagements financiers pris en 2012, alors que la mission de combat de l'OTAN se termine fin décembre.

Saluant le «premier transfert de pouvoir démocratique» de l'histoire du pays lors des élections de septembre, ces pays donateurs ont jugé «crédible» l'ensemble des réformes proposées par M. Ghani pour améliorer la sécurité, la stabilité politique et économique du pays et le respect des droits de l'Homme.

M. Ghani et son chef de l'exécutif Abdullah Abdullah «ont présenté un programme très ambitieux», notamment pour combattre la corruption, a estimé le secrétaire d'État américain John Kerry à l'issue de la conférence.

«Nous sommes déterminés à faire des affaires différemment», a assuré M. Ghani, promettant de transformer ses «mots» en «actions».

Alors qu'un peu plus de deux mois après les élections, la formation du «gouvernement d'union nationale» promis se fait toujours attendre, le président afghan a assuré que ce serait chose faite d'ici «deux à quatre semaines». Il compte notamment nommer quatre femmes à des postes de ministres.

Si les avancées du pays ont été «extraordinaires» ces dernières années dans les domaines des droits des femmes, de l'accès aux soins de santé ou encore de la liberté de la presse, de l'avis de M. Kerry, l'insécurité reste un défi majeur tandis que la production de drogue a explosé.

«La route ne sera pas facile», a prévenu le premier ministre britannique, David Cameron, co-organisateur de la conférence. Les attentats sanglants se multiplient dans le pays, posant la question de la capacité des troupes afghanes à faire face à la menace des talibans. Le président Ghani les a appelé à des négociations, mais un rapprochement semble peu probable pour le moment.

Risque d'oubli

«La paix est notre première priorité», a martelé M. Ghani, qui a dit espérer ne plus jamais avoir besoin de combattants étrangers pour assurer la sécurité et la stabilité de son pays.

Les 28 ministres des Affaires étrangères de l'OTAN viennent d'entériner la fin de la mission de combat de l'Alliance atlantique en Afghanistan au 31 décembre. Environ 12 500 soldats, dont 9800 Américains, resteront toutefois sur place, avec pour objectif d'assister et de former l'armée afghane.

Même si la plupart des troupes britanniques sont «rentrées à la maison», «nous ne vous abandonnerons pas», a promis M. Cameron.

Son pays, tout comme les autres participants à la conférence, se sont contentés de réitérer leurs engagements financiers à l'Afghanistan pris il y a deux ans à Tokyo (16 milliards de dollars jusqu'en 2015 et un montant similaire jusqu'en 2017) et, comme attendu, n'ont pas annoncé de nouvelles promesses d'aide.

«Après le retrait des troupes de combats, le peuple afghan a besoin de preuves que la communauté internationale se penchera sérieusement sur le rétablissement de la paix et de la prospérité en Afghanistan», a réagi Shaheen Chughtai de l'ONG britannique Oxfam, dans un communiqué.

De son côté, Graeme Smith, un expert de l'ONG International Crisis Group, a rappelé que l'histoire avait montré que les retraits de troupes militaires étaient souvent synonymes d'une réduction des financements, dans le quotidien britannique The Guardian.

«Quand vous n'avez pas de soldats britanniques qui risquent leur vie, c'est beaucoup plus facile de fermer le robinet financier. C'est le vrai danger pour l'Afghanistan aujourd'hui: que le monde l'oublie», estime-t-il.

Pour le quotidien The Times, «sans une stratégie complète d'aide, sans une gouvernance solide et un financement sûr, le pays où 453 soldats britanniques et 2210 soldats américains sont morts, pourrait bien s'effondrer».