Une flambée de violences menée ces derniers jours par les talibans à Kaboul, visant notamment des cibles étrangères, a provoqué la démission du chef de la police de la capitale dimanche, au lendemain du meurtre d'un Sud-Africain et de ses deux enfants.

Le général Zahir Zahir, chef de la police de Kaboul, a démissionné après une série d'au moins neuf attentats commis dans la capitale ces quinze derniers jours, à l'approche du retrait des troupes de combat de l'Otan après 13 ans de présence.

«Le général Zahir Zahir a déclaré au ministère de l'Intérieur qu'il ne voulait plus assumer ses fonctions. Le ministre a accepté sa démission», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police Hashmat Stanakzai.

Les attentats se sont multipliés ces dernières semaines en Afghanistan. Et le général Zahir lui-même a échappé à la mort le 9 novembre dernier lorsqu'un kamikaze a actionné sa charge dans ses bureaux à Kaboul.

Samedi soir, les talibans ont lancé une attaque contre une maison utilisée par des étrangers à Kaboul. Un ressortissant sud-africain, son fils et sa fille, des adolescents, ainsi qu'un Afghan ont été tués dans cette attaque, a déclaré à la presse le général Zahir peu avant sa démission.

L'homme dirigeait à Kaboul Partnership in Academics and Development (PAD), une organisation agissant notamment dans le domaine de l'éducation.

Seule l'épouse du dirigeant, mère des deux enfants, a survécu à l'attaque. Médecin dans un centre médical, elle rentrait de son travail lorsque l'attaque a eu lieu, a indiqué à l'AFP l'une de ses collègues qui a souhaité garder l'anonymat.

La même source ajoute que la famille était en Afghanistan depuis 12 ans et qu'elle était très religieuse et chrétienne pratiquante, mais l'organisation n'avait pas de visées religieuses.

Pour les talibans en revanche, l'attaque visait une mission chrétienne, a affirmé le porte-parole des insurgés, Zabiullah Mujahid, sur Twitter.

La série d'attentats intervient alors que le nouveau président afghan Ashraf Ghani, investi le 29 septembre, et son chef de l'exécutif et ancien rival Abdullah Abdullah, peinent à trouver un terrain d'entente pour la formation d'un nouveau cabinet.

Vide politique

Les ministres nommés sous l'ancien président Hamid Karzaï, ainsi que les principaux responsables des forces de sécurité, sont toujours en place et font l'intérim. Mais les talibans comptent bien profiter du vide politique actuel.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la présidence Nazifullah Salarzaï a assuré que le président Ghani ferait une annonce dimanche soir au sujet de la formation d'un nouveau cabinet.

Jeudi, un attentat suicide des talibans contre un convoi diplomatique dans la capitale afghane avait causé la mort de six personnes, dont un Britannique, membre du service de sécurité.

Lundi, ce sont deux soldats américains qui sont morts dans une attaque contre leur véhicule à Kaboul, au lendemain d'un attentat suicide contre un match de volley-ball ayant fait 57 morts dans la province de Paktika (sud-est), le plus meurtrier perpétré en Afghanistan depuis décembre 2011. Cette dernière attaque a été attribuée au réseau Haqqani, une branche des talibans implantée dans le sud et l'est de l'Afghanistan.

L'essentiel des forces de combat de l'Otan, menées par les États-Unis, doit se replier d'ici fin décembre. Ensuite ne resteront qu'environ 12 500 hommes, dont 9800 Américains, pour assurer une mission d'assistance et de formation de l'armée et de la police afghanes, baptisée «Soutien résolu».

Les troupes de l'Otan ont compté jusqu'à 130 000 hommes en 2010.

Les talibans s'opposent catégoriquement au maintien de soldats étrangers après 2014 et refusent des pourparlers de paix directs avec le gouvernement de Kaboul, faisant craindre une nouvelle escalade de la violence.

Avec le retrait de l'Otan, les forces afghanes se retrouvent en première ligne face à l'insurrection des talibans qui cherchent à affaiblir l'armée locale et à décourager les vocations militaires au sein de la population.

Les forces de sécurité afghanes, qui manquent encore d'entraînement et d'équipement suffisant, ont connu de lourdes pertes ces derniers mois. Plus de 4600 soldats et policiers afghans sont morts au combat cette année, selon des chiffres du Pentagone.