Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a défendu mercredi son projet de loi destiné à renforcer le caractère «juif» de l'État, au lendemain de critiques venues notamment du président Reuven Rivlin.

Interpellé sur son programme économique par les députés, il a plaidé à la tribune de la Knesset, le Parlement israélien, sur son projet de loi controversé visant à renforcer le caractère juif de l'État d'Israël.

Ce texte a été approuvé dimanche par le gouvernement au terme d'un débat houleux et doit en principe être soumis au parlement début décembre.

«Le but de cette loi est d'assurer l'avenir du peuple juif sur sa terre», a assuré M. Nétanyahou, critiquant ceux qui «de l'intérieur veulent remettre en question le droit national du peuple juif sur cette terre».

Mardi, M. Rivlin, issu du parti Likoud (droite nationaliste) de M. Nétanyahou, a déclaré ne pas «comprendre l'intérêt de cette loi». «Mettre en avant le caractère juif de l'État d'Israël aux dépens de son caractère démocratique remet en question les principes de la Déclaration d'indépendance qui affirmait que "juif et démocratique" sont des valeurs de la même importance».

Les députés et les ministres du centre et de la gauche, menés par les ministres de la Justice Tzipi Livni et des Finances Yair Lapid, ont vivement critiqué ce projet, de même que les Arabes Israéliens - plus de 20 % de la population - qui dénoncent une institutionnalisation de la discrimination.

«L'État d'Israël donnera leurs droits civiques à tous les citoyens israéliens en respectant les valeurs de liberté, de justice et de paix», a ajouté M. Nétanyahou.

Ce projet de loi prévoit de ne plus définir Israël comme un État «juif et démocratique» mais comme «l'État national du peuple juif» dans les Lois fondamentales, qui font office de Constitution.

Avec ce projet, M. Nétanyahou donne, pour les experts, un gage aux personnalités les plus à droite de sa coalition, au bord de l'explosion.

Les dirigeants palestiniens ont condamné ce projet de loi, y voyant une tentative de «tuer la solution à deux États» israélien et palestinien. S'il est voté au Parlement, selon eux, ce texte mettrait fin au droit au retour des réfugiés palestiniens, ayant fui leur terre depuis la création en 1948 de l'État d'Israël.

Un projet de loi contre les auteurs d'attentats

Un député israélien a déposé mercredi au parlement un projet de loi «antiterroriste» prévoyant le retrait automatique de la nationalité ou du permis de résidence des auteurs d'attentats, ainsi que la destruction du logement de leur famille.

Yariv Levin, un proche du premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a récemment ordonné la reprise des démolitions punitives de maisons et des retraits de permis de résidence, a expliqué vouloir donner «aux autorités des moyens efficaces pour lutter contre le terrorisme».

Son projet de loi en huit points, dont l'AFP a obtenu une copie, vise à rendre systématiques des mesures déjà appliquées, comme le retrait de la nationalité israélienne ou du permis de résidence - en Israël ou à Jérusalem-Est occupée et annexée par Israël - à tout auteur d'attaque.

Le projet prévoit en outre la destruction automatique de la maison de l'auteur d'une attaque ou de sa famille dans les 24 heures suivant l'attentat, le retrait de ses aides sociales et de son permis de conduire pendant dix ans ainsi que l'expulsion hors des frontières d'Israël des membres de sa famille ayant publiquement soutenu son acte.

Il donne aussi la possibilité aux autorités israéliennes de ne pas rendre les corps des assaillants tués à leurs familles.

Cette proposition de loi, qui ne serait valable que pour deux ans, vient selon son auteur «donner des outils aux services de sécurité pour mettre fin à la vague de terreur qui s'est abattue sur Israël et ramener la sécurité aux citoyens d'Israël».

Selon M. Levin, ce projet a été soumis à M. Nétanyahou avant d'être présenté à la Knesset, qui n'a pour le moment fixé aucune date pour un vote en première lecture.

Israël va expulser l'épouse d'un Palestinien auteur d'un attentat

Israël va expulser l'épouse d'un des deux Palestiniens auteurs d'un attentat dans une synagogue, qui a couté la vie à quatre rabbins et un policier à Jérusalem en lui retirant son permis de séjour, a annoncé mercredi le ministère de l'Intérieur.

«Le ministre de l'Intérieur Gilad Erdan a décidé de retirer le permis de séjour en Israël de Nadia Abou Jamal, l'épouse d'un terroriste qui a commis cet attentat (le 18 novembre) et qui a été ensuite éliminé», a précisé un communiqué du ministère.

Cette Palestinienne «séjournait en Israël grâce aux dispositions prévues pour la réunification des familles, elle devra quitter Israël et tous ses droits sociaux lui seront retirés», a poursuivi le communiqué.

«Tous ceux qui sont impliqués dans le terrorisme doivent prendre en compte le fait que cela aura des répercussions sur les membres de leur famille», a également prévenu le ministre.

Les deux auteurs de l'attentat, qui étaient cousins, vivaient à Jérusalem-Est. Ayant un statut de résident, ils disposaient d'une carte d'identité israélienne.

La «réunification des familles» évoquée par le communiqué porte sur les permissions accordées par les autorités israéliennes aux maris ou épouses palestiniennes originaires de Cisjordanie ou de la bande de Gaza, qui n'ont pas de droit de séjourner en Israël, de venir s'installer auprès de leur conjoint notamment à Jérusalem-Est, la partie arabe de la ville annexée par l'État hébreu.

Deux cousins, Oudaï et Ghassan Abou Jamal, armés de hachoirs et d'un pistolet, ont tué quatre rabbins et un policier avant d'être abattus. Il s'agissait de l'attaque la plus meurtrière et la première contre un lieu de culte juif à Jérusalem depuis 2008. Elle a avivé les craintes que les violences ne prennent un redoutable tour confessionnel.

À la suite de cet attentat et de la vague de violences de ces derniers mois, les autorités israéliennes ont durci la répression.

Israël a ainsi repris après des années la pratique controversée consistant à détruire les maisons d'auteurs d'attentats à Jérusalem.

Les services de sécurité israéliens ont détruit la semaine dernière à l'explosif dans un quartier de Jérusalem-Est l'appartement d'Abdelrahmane Shalodi auteur d'un attentat à la voiture bélier en octobre qui avait fait deux morts avant d'être tué.