Les affrontements violents qui secouent Jérusalem et la Cisjordanie se sont étendus au cours des derniers jours à des villes arabes israéliennes, ce qui a poussé le gouvernement de Benyamin Nétanyahou à renforcer le dispositif sécuritaire mis en place pour tenter de ramener le calme.

Une importante manifestation est survenue notamment dans le nord du pays après la mort d'un Palestinien de 22 ans, Kheir Hamdane, qui a été abattu par les forces de l'ordre samedi.

Une porte-parole de la police israélienne a indiqué que le jeune homme avait été tué après plusieurs tirs de sommation, alors qu'il menaçait des agents avec un couteau. Ses proches, évoquant une vidéo captée par une caméra de surveillance, maintiennent qu'on lui a tiré dans le dos à bout portant, alors qu'il cherchait à s'éloigner.

Hier, le premier ministre Nétanyahou, cité par le quotidien Haaretz, a invité les Arabes israéliens à «respecter la loi» et à ne pas se laisser entraîner dans la spirale de la violence.



Destruction de maisons

En plus de demander un renforcement des effectifs policiers, le politicien a ordonné que soient détruites les maisons des auteurs d'actes «terroristes». Il a aussi promis des sanctions sévères contre ceux qui lancent des pierres ou des cocktails Molotov contre les forces de sécurité israéliennes.

Ces mesures n'ont pas empêché la tenue de nouvelles manifestations en Cisjordanie, où un autre Palestinien de 22 ans a été tué hier, selon l'Agence France-Presse. Les soldats cherchaient alors à disperser 150 manifestants qui s'en prenaient aux véhicules qui circulaient sur un important axe nord-sud, près de la colonie de Kiryat Arba.

Lundi, une femme de 25 ans et deux colons juifs ainsi qu'un soldat israélien ont été tués lors d'attaques au couteau commises par des Palestiniens, qui s'ajoutent à des attentats à la voiture ayant fait quatre morts au cours des dernières semaines à Jérusalem.

La tension est particulièrement vive dans le secteur est de la Ville Sainte, où les affrontements entre Palestiniens et policiers israéliens sont devenus pratiquement quotidiens.

Ces confrontations sont alimentées notamment par les visées d'un groupe d'activistes ultranationalistes juifs qui réclament le droit de prier sur l'esplanade des Mosquées. Bien qu'il nie tout projet en ce sens, le camp palestinien craint que le premier ministre Nétanyahou cède à leurs demandes.

«Violence institutionnelle»

Rami Khouri, analyste et journaliste jordano-palestinien rattaché à l'Université Harvard, juge que la «violence institutionnelle» de l'État israélien est le véritable moteur des tensions actuelles.

La colonisation juive de Jérusalem-Est en est une illustration particulièrement sensible, note l'analyste, qui ne s'attend pas à un embrasement généralisé de violence même si plusieurs journaux israéliens évoquent avec insistance le risque d'une «troisième intifida».

L'évolution de la situation, ajoute M. Khouri, dépendra largement de la manière dont réagiront les dirigeants des deux camps, qui s'accusent mutuellement pour l'heure d'alimenter la violence par leurs actions et leurs propos.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est affaibli et son autorité est fortement contestée dans les rangs palestiniens, notamment par le Hamas, juge l'analyste, qui dénonce par ailleurs le poids de la «droite dure» au sein du gouvernement israélien.

«Il faudrait un changement de leadership de part et d'autre, mais rien ne laisse suggérer que ça va bientôt se produire», souligne M. Khouri, qui ne voit d'autre issue qu'une solution négociée au conflit israélo-palestinien.

Les pressions accrues venant de certains pays européens comme la Suède, qui vient de reconnaître l'État palestinien, pourraient aider, selon lui, à faire progresser les choses en ce sens.

«La violence, qu'elle soit l'oeuvre d'Israël, des colons, du Hamas ou de jeunes Palestiniens, ne règlera rien et tout le monde le sait», conclut l'analyste.