Un jeune Palestinien a été tué mardi par des soldats israéliens non loin d'une colonie en Cisjordanie occupée, lors d'affrontements qui font de plus en plus redouter un retour aux grands soulèvements palestiniens.

Au lendemain de deux nouveaux attentats meurtriers qui inspirent aux Israéliens un sentiment d'insécurité grandissant, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a réaffirmé sa fermeté en soirée dans une brève allocution télévisée.

S'exprimant après une réunion du cabinet de sécurité, il a souligné avoir décidé de «renforcer les mesures de sécurité dans tout le pays, de détruire les maisons des terroristes, de pratiquer une politique sévère contre les lanceurs de pierres (...) et de faire payer des amendes aux parents de mineurs» impliqués.

Il a également dénoncé «l'irresponsabilité» du président palestinien Mahmoud Abbas qui «au lieu de calmer les esprits ne fait qu'inciter à plus de violences».

Le Palestinien de 22 ans, Imad Jawabreh, a été tué par balles près d'Hébron, selon des sources de sécurité et des médecins palestiniens.

Les soldats israéliens essayaient de disperser environ 150 Palestiniens qui lançaient des pierres et des cocktails Molotov sur des véhicules circulant sur une route, a indiqué l'armée. Les faits se sont produits non loin de la colonie de Kiryat Arba.

État d'alerte «avancé» 

Au moins 17 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie dans des heurts avec les soldats israéliens depuis juin, selon un décompte de l'AFP.

L'armée israélienne a déployé des renforts dans ce territoire où un Palestinien avait tué lundi une Israélienne de 25 ans et blessé deux autres colons à coups de couteau à un arrêt de bus.

Le même jour, un autre Palestinien âgé de 17 ans a mortellement poignardé un soldat israélien à Tel-Aviv.

Depuis fin octobre, deux attaques perpétrées à la voiture bélier par des Palestiniens avaient déjà fait quatre morts, en plus des deux auteurs, à Jérusalem.

Devant la propagation des violences, «la police a été placée en état d'alerte avancé». Sans que l'alerte atteigne le niveau maximal de 4 revenant à un état de guerre, «des milliers de policiers, d'officiers et de volontaires et des renforts sont déployés sur l'ensemble du pays», a indiqué une porte-parole, Luba Samri.

Le sentiment d'insécurité s'est considérablement renforcé chez les Israéliens.

«Si cette folie ne s'arrête pas maintenant, nous allons nous retrouver au même point que lors des jours sombres de la seconde Intifada», le soulèvement qui fit des milliers de morts israéliens et palestiniens de 2000 à 2005, écrit le quotidien Yedioth Ahronoth.

Les éditorialistes manient la comparaison avec précaution, comme ceux du Maariv pour lesquels «on ne peut savoir encore clairement s'il s'agit d'une troisième Intifada». Mais, conviennent-ils comme le Yedioth Ahronoth, tout le monde «commence à se demander: (...) est-ce que je dois prendre le bus ou pas ? Est-ce que je dois attendre à la gare ou pas ?»

«Escalade» 

«Il est clair que nous assistons à une escalade», a de son côté déclaré le ministre de la Défense Moshé Yaalon. L'opinion doit se préparer à la possibilité d'une «escalade supplémentaire» et de nouveaux attentats, a-t-il averti.

Les violences ont gagné depuis samedi les villes arabes israéliennes après la mort d'un jeune homme abattu ce jour-là par les policiers israéliens alors que, selon une vidéo, il ne représentait plus de danger pour eux.

Quant à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la Ville sainte annexée par Israël en proie aux troubles depuis juillet, elle est désormais le théâtre de heurts jour et nuit.

Les inquiétudes des Palestiniens pour le statut de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est - troisième lieu saint de l'islam également vénéré par les juifs - ont cristallisé la colère.

Les Palestiniens s'alarment de l'éventualité que le Premier ministre israélien, avec la perspective d'élections anticipées en 2015, ne cède à la pression des juifs ultras qui réclament le droit de prier sur l'esplanade, même si M. Nétanyahou répète n'avoir aucune intention de le faire.

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry est attendu mercredi à Amman où il doit évoquer avec le roi Abdallah II la situation à Jérusalem. La Jordanie a la charge de la gestion de l'esplanade des Mosquées et a estimé dimanche que les tensions autour de l'esplanade représentaient «un coup de poignard» à la paix avec Israël.

Alors que les Palestiniens commémoraient mardi la mort de Yasser Arafat il y a dix ans, M. Abbas a de nouveau promis que les Palestiniens défendraient l'esplanade «contre les colons et les extrémistes» juifs.

Mais l'hommage à Arafat, héros de la lutte pour l'indépendance, a été considérablement assombri par une très violente querelle entre le Fatah de M. Abbas et le Hamas islamiste.

De sa prison israélienne, Marwan Barghouthi, considéré comme une figure éminente des deux Intifada, a de son côté accru la pression sur Abbas, son rival, en appelant les dirigeants palestiniens à soutenir la «résistance» armée.